Quatre mois après que François Legault ait annoncé sa position sur la charte de la laïcité, la direction de la Coalition avenir Québec a senti le besoin de promettre, début 2014, une large consultation de ses membres sur cette question délicate.

«Nous savons que la charte de la laïcité est un enjeu important et que vous voulez échanger à ce sujet» de soutenir la nouvelle présidente de la CAQ, Maud Cohen, s'adressant aux 350 militants réunis à Québec. Le projet de loi sera acheminé en commission parlementaire en janvier, et la CAQ voudra participer au débat, «je m'engage à ce que toutes vos voix soient entendues, par des tables régionales, par une adresse courriel pour récolter vos commentaires».

La discussion aura lieu au congrès du printemps prochain a-t-elle ajouté.

Plus tôt, le chef François Legault avait indiqué que la position de son parti était arrêtée, restait à négocier un «compromis» avec la première ministre Pauline Marois. La CAQ était prête à faire un pas pour un rapprochement, mais à la condition que le gouvernement mette aussi de l'eau dans son vin, plaidait-il. Il avait soutenu «avoir consulté les députés et l'exécutif national» et n'ouvrait pas la porte à une discussion au prochain congrès au printemps prochain. «Il y a des militants qui trouvent qu'on va pas assez loin, d'autres trop loin. On a proposé un compromis acceptable, responsable, proche de Bouchard-Taylor et on ajoute les enseignants du primaire et du secondaire. C'est un  compromis acceptable et je sens bien que la majorité de nos militants sont à l'aise avec cette position» de résumer M. Legault. «J'ai fait le tour du Québec et on m'a pas mal plus parlé d'emploi que de la Charte... » a-t-il lancé.

À l'entrée du conseil général spécial du parti, qui portait sur la famille la très forte majorité de ceux interrogés par les journalistes estimaient que la position de leur parti était insuffisante quant au port de signes ostentatoires par les employés de l'État. En ce sens ils rejoignaient l'un des fondateurs de la CAQ, Me Jean Allaire qui dans une entrevue à La Presse a soutenu cette semaine juger insatisfaisante la position de son parti sur le port de signes religieux ostentatoires. Me Allaire se disait plus proche de la position du gouvernement que de celle de la CAQ.

 «Ce devrait être un espace neutre. À partir du moment où tu es fonctionnaire, il ne devrait pas y avoir de signes» laissera tomber Alain Goupil du comté de Charlebourg. M. Goupil relève que les militants n'ont jamais eu l'occasion de se prononcer sur cette question. Plusieurs autres militants interrogés, souscrivaient aussi à l'interdiction du port de signes par les fonctionnaires, «j'aimerais mieux voir un espace laïc tout autour de moi, dans les hôpitaux, dans les écoles, quand j'ai affaire aux fonctionnaires» dira Raymond Blouin, du comté de Saint-Jérome. Pour Robert Jacob, un nouveau militant, «le compromis Bouchard-Taylor était excellent», il ne peut expliquer pourquoi son parti est allé plus loin en incluant les enseignants.

Au mois d'août, la CAQ était le premier parti à prendre position sur le projet annoncé de Bernard Drainville. M. Legault avait proposé que les fonctionnaires investis du pouvoir de l'État, juges et policiers de même que les enseignants du primaire secondaire ne devraient pas porter de signes religieux. Samedi M. Legault se disait prêt à faire des compromis pour  se rapprocher de la position du PQ à condition que Mme Marois mette aussi de l'eau dans son vin. «On a la main tendue, mais ferme» d'illustrer la présidente Cohen. «Le tango se danse à deux, Mme Marois ne m'a pas appelé. Le Parti québécois doit aussi être prêt à faire des compromis» dira le chef caquiste.

En point de presse, M. Legault a expliqué que la position du parti était «défendue par une majorité de nos militants. C'est un compromis sur un sujet diviseur, émotif. Je n'ai pas créé la Coalition avenir Québec pour ce dossier-là, mais pour donner un répit aux familles» a-t-il dit.