L'ancienne ministre des Affaires municipales Nathalie Normandeau exige du Directeur général des élections qu'il corrige le tir, et rectifie un communiqué de presse erroné selon elle émis mardi. En annonçant le dépôt de plaintes pour cinq contributeurs libéraux, le DGE avait pointé du doigt Mme Normandeau.

Évoquant une activité de financement en octobre 2008 au restaurant Louis-Hébert à Québec, le bureau du DGE mentionnait «au bénéfice du Parti libéral du Québec et plus spécifiquement de madame Nathalie Normandeau». «Cela n'a pas de bon sens, mon intégrité est en cause» de répliquer Mme Normandeau en entrevue à La Presse. «On salit ma réputation» ajoute-t-elle.

Dans une lettre transmise par ses avocats, on souligne qu'elle «déplore que son nom ait été associé par le DGE à l'activité de financement (...) et précise qu'il ne s'agissait pas d'une activité à son bénéfice». «Nous vous demandons donc de bien vouloir corriger les faits qui sont relatés» pousuit la lettre de l'étude Robinson, Sheppard et Shapiro.

«Nous sommes a étudier la lettre, on vous reviendra» de répliquer en après-midi Denis Dion, le responsable des communications au DGE.

Dans les cercles libéraux, on s'interroge aussi sur le moment choisi au DGE, une nomination de l'Assemblée nationale. Le communiqué a été émis au moment même ou le chef libéral Philippe Couillard débutait son premier point de presse en deux semaines. Il a dû répondre au pied levé aux allégations qui venaient de tomber.

Le directeur général des élections, Jacques Drouin avait mardi matin des constats d'infractions touchant cinq contributeurs au Parti libéral du Québec, une activité tenue en octobre 2008 pour la ministre libérale Normandeau.

L'affaire touche notamment une firme de génie-conseil. On a utilisé le stratagème des prête-noms, estime le DGE, un total de huit constats d'infractions sont déposés, pour cinq personnes résidant en Mauricie, dans Lanaudière, à Laval et à Montréal.

La nouvelle est tombée au moment même où le chef libéral, Philippe Couillard entamait un point de presse. «Cela touche des personnes qui ont fait des contributions, une loi anti prête-nom a été adoptée qui a contribué à faire cesser ces pratiques» d'observer le chef libéral.

«Que ce soit des donateurs ou d'autres personnes qui ont commis des actes irréguliers, ces personnes devront en répondre» a-t-il ajouté. Il reconnait avoir fait «comme tous les politiciens» de type d'activités-bénéfices, «la personne qui amenait son don (avant l'adoption de la loi sur les prête-noms), c'était difficile d'avoir l'autorité légale pour vérifier. Depuis l'adoption de cette loi et l'adoption de la limite à 100 $ ont profondément changé le paysage politique et j'en suis très heureux.

Dans son communiqué le DGE précise que deux personnes sont poursuivies parce qu'elles ont versé des contributions autrement qu'à même leurs propres biens (prête-noms), alors que les trois autres ont aidé des personnes à commettre cette infraction en remboursant les contributions (aide aux prête-noms).

Les personnes visées par les accusations sont, M. Normand Lefebvre résidant de Notre-Dame-du Mont-Carmel (trois constats), dirigeant de la firme Pluritec Ltée au moment des événements, «pour avoir aidé trois employés de cette firme à verser trois contributions de 1 000 $ au Parti libéral du Québec autrement qu'à même leurs propres biens».

Le DGE vise aussi Michel Perreault de Mascouche (deux constats), «pour avoir aidé M. Yanick Dion ainsi que M. Lucien Laroche à verser une contribution de 2 500 $ au Parti libéral du Québec autrement qu'à même leurs propres biens».

De même M. Yanick Dion de Montréal est visé par un constat pour avoir versé ces fonds au PLQ,  Réjean Bergevin de Laval fait aussi face à un constat d'accusation «pour avoir aidé M. Martin Lord à verser une contribution de 1 500 $ au Parti libéral du Québec autrement qu'à même ses propres biens».  Mme Carole Archambault de Laval (un constat), pour avoir versé une contribution de 1 500 $ au Parti libéral du Québec autrement qu'à même ses propres biens;

Toutes ces personnes sont passibles d'amendes de 500 $. Mais le DGE réclame en outre, pour chacun des contrevenants, une amende supplémentaire équivalente à la contribution illégale mentionnée au constat d'infraction. De plus, si elles plaident coupable ou sont condamnées, les personnes poursuivies verront leur nom inscrit au Registre des personnes non admissibles aux contrats publics tenu par le DGE, pour une période de trois ans.

Le gouvernement péquiste n'a pas réagi fortement à la nouvelle. «On va laisser le DGE faire son travail», a simplement dit Pascal Bérubé, ministre du Tourisme et ancien responsable de la campagne de financement du Parti québécois.

La Coalition avenir Québec n'avait pas pris connaissance ce matin de détails entourant la nouvelle. Son chef, François Legault, rappelle qu'au dernier débat des chefs, Jean Charest n'avait pas dénoncé le «manque de jugement» de Nathalie Normandeau. Il demande à Philippe Couillard de le faire. M. Legault avait déjà dénoncé que le nouveau chef libéral a dit ne pas voir «de problème» à un retour de Mme Normandeau au parti.

- Avec Paul Journet