Les chantiers de construction du Québec sont paralysés pour une deuxième journée consécutive, en raison des piquets de grèves érigés par les quelque 175 000 travailleurs du secteur.

Le dialogue n'a toujours pas repris entre les deux parties, mais des rencontres séparées avec un conciliateur désigné par Québec étaient  prévues au cours de la journée de mardi.

La partie patronale a rencontré le conciliateur en matinée, et ce devait être le tour des représentants syndicaux en après-midi.

En entrevue à La Presse Canadienne, le porte-parole de l'Alliance syndicale, Yves Ouellet, a averti que les syndiqués sont prêts pour une grève de longue haleine.

M. Ouellet considère que les revendications des travailleurs ont été entendues et que les syndiqués ont déjà fait plusieurs concessions «pour faire baisser les coûts des chantiers», à la demande de leurs patrons, lors des négociations entourant la dernière convention collective.

Selon lui, l'offre présentée samedi par l'Association de la construction du Québec (ACQ) a été clairement rejetée par les travailleurs.

«Ce matin, ils (les travailleurs) étaient encore tous là. La motivation est encore là. Ce sont des points qui les touchent droit au coeur. Ce ne sont pas nécessairement des acquis monétaires. (...) Les choses qui ont été laissées pour garder ces acquis-là, ils ne sont pas prêts à les donner en ce moment», a dit le leader syndical.

«On nous force à sortir 175 000 travailleurs en grève, j'espère qu'ils ne s'attendent pas à ce qu'on rentre en acceptant leur offre initiale finalement. On attend maintenant une offre logique et raisonnable», a-t-il ajouté.

Pour le président de l'ACQ, Jean Pouliot, la grève est un «moyen exagéré», en plus d'être survenue de manière prématurée, le processus de négociation s'étant amorcé avec beaucoup de retard.

«Les cinq associations syndicales ont pris énormément de temps pour établir un protocole de négociations entre elles, c'est ce qui a retardé le début des négociations. Ce qui se règle en six à huit mois, on a essayé de le faire en un mois», a-t-il expliqué.

À son avis, le conciliateur «a reçu un mandat très clair de la part de la ministre, celui de s'assurer que les deux parties recommencent la négociation, et c'est vraiment ce qu'on souhaite: se rasseoir à la table et négocier avec nos employés».

De son côté, le gouvernement Marois répète qu'il n'a nulle intention de recourir à une loi spéciale pour mettre un terme à la grève déclenchée lundi matin.

La ministre du Travail, Agnès Maltais, croit qu'il revient aux parties impliquées de s'entendre pour régler ce conflit.

«Aujourd'hui les gens travaillent, alors je suis contente. Laissons-les travailler. Je veux qu'ils arrivent au meilleur résultat possible», a-t-elle indiqué.

Une attitude qui ne plaît pas au Parti libéral du Québec (PLQ), qui exhorte la ministre à intervenir rapidement dans le dossier pour éviter les contrecoups de la grève.

Son chef Philippe Couillard estime que le gouvernement doit considérer l'imposition d'une loi spéciale pour forcer la reprise des activités du secteur si aucune entente n'est conclue d'ici vendredi, minuit.