Tant qu'il y aura des amendes, il n'y aura pas d'entente. C'est le message lancé hier par l'Association des garderies privées (AGPQ) à la veille de la reprise des négociations avec la ministre de la Famille, Nicole Léger.

Québec a annoncé ce printemps des compressions de 14,9 millions de dollars dans le réseau de garderies privées. L'AGPQ croyait avoir conclu une entente avec la sous-ministre le mois dernier. Mais la ministre Léger a mis fin aux négociations.

L'AGPQ, qui représente environ le tiers des membres du réseau privé subventionné, a déclenché une grève d'un jour. La réponse de Québec: des amendes qui dépassent 800 000 dollars (3750 $ pour chacun des 214 établissements privés en grève) et la menace  de révoquer les permis. «C'est de l'acharnement, de l'intimidation», s'est plaint Sylvain Lévesque, président de l'AGPQ.

Pour éviter d'autres amendes, l'Association a gardé ses établissements ouverts et a demandé aux parents de choisir de ne pas y envoyer leur enfant mercredi. Une manifestation a aussi été organisée devant l'Assemblée nationale.Plus tôt cette semaine, Mme Léger a conclu une entente de principe. Un avec le Regroupement des garderies privées, un plus petit groupe.

En créant deux tables de négociation, la ministre a  «divisé pour mieux régner», accuse M. Lévesque. Il n'a pas eu le temps d'étudier cette entente, qui n'a pas encore été approuvée par les membres. Mais il critique la démarche. «Ils sont allés un peu vite, ils se sont fait avoir», accuse-t-il.

La libérale Danielle St-Amand aurait préféré une table commune de négociation. «La ministre dit qu'elle a fait une offre, hier, à l'autre association. Pourquoi n'en fait-elle pas une à l'AGPQ (...) au lieu de sortir sa matraque», a-t-elle lancé. Menace de boycottent plus de la fin des amendes, l'AGPQ demandera qu'on verse sur trois ans, et non cinq ans, la hausse des subventions prévue sous le dernier gouvernement libéral.

Cette mesure compenserait en partie pour les compressions. Autre option envisagée: l'AGPQ demanderait de moduler les compressions selon les coûts d'opération, et non le salaire des éducatrices. On avantagerait ainsi les centres situés dans les grandes villes, où les résidences et les taxes coûtent plus cher.

Techniquement, Mme Léger n'a pas besoin d'une entente pour imposer ses compressions. Mais elle menace de boycotter les comités qui développent les places à 7 dollars, et bloquer ainsi le développement du réseau. La ministre dit être «ferme» sur la réduction de 14,9 millions de dollars, mais «souple sur les moyens». «Nous avons à faire un effort budgétaire. Tout le Québec fait un effort budgétaire», a-t-elle plaidé en Chambre.

- Avec Tommy Chouinard