Les enquêteurs du Directeur général des élections (DGE) rencontreront dans un avenir rapproché l'ex-entrepreneur Lino Zambito, qui promet de nouvelles révélations, particulièrement sur le financement de la défunte Action démocratique du Québec (ADQ), a-t-il indiqué à La Presse. Le hic, c'est que la prescription approche à grands pas pour certaines des infractions à la loi électorale qu'il a attribuées au Parti libéral du Québec (PLQ) devant la commission Charbonneau.

«On m'a dit que je serais assigné, donc je vais y aller», a-t-il dit.

M. Zambito s'attend donc à recevoir une assignation à comparaître en milieu de semaine prochaine ou en janvier, après sa comparution au palais de justice de Saint-Jérôme, dans le cadre des poursuites sur l'attribution de contrats à Boisbriand.

Lino Zambito sait que le DGE l'interrogera sur les révélations-chocs qu'il a faites devant la commission Charbonneau cet automne.

Il ne devrait cependant rien avoir de nouveau à dire au sujet du PLQ, car il a fait le «tour de la question» devant la juge France Charbonneau. Mais ce n'est pas le cas, dit-il, en ce qui concerne l'ADQ, que dirigeait Mario Dumont.

«J'ai d'ailleurs été étonné de ne pas avoir été questionné plus que ça sur l'ADQ lorsque j'ai comparu devant la Commission», dit-il.

Selon Zambito, les enquêteurs du DGE se pencheront à tout le moins sur ses allégations concernant le financement illégal dont aurait bénéficié Nathalie Normandeau, en 2008, sur les 30 000$ qu'il dit avoir donnés à l'ex-organisateur libéral Pierre Bibeau pour la campagne de Line Beauchamp, en 2009, ainsi que les 1500$ versés en argent comptant au conseiller municipal de Boisbriand, Patrick Thifault, dans le cadre d'une activité de financement pour sa conjointe Linda Lapointe, alors députée de l'ADQ dans Groulx, en 2008.

Patrick Thifault et Linda Lapointe ont farouchement nié avoir reçu une telle somme. Pierre Bibeau a lui aussi réfuté les allégations de Lino Zambito, qui lui ont causé un «tort inestimable», a-t-il déclaré dans un communiqué. Il est depuis en congé de maladie.

Prescription de cinq ans

Il reste à savoir quelles seront la marge de manoeuvre du DGE et l'utilité de l'exercice, compte tenu du fait que le délai de prescription est de cinq ans pour entreprendre des poursuites pénales, si les allégations de Lino Zambito sont fondées.

Or, à titre d'exemple, l'une des activités de financement controversées au profit de Nathalie Normandeau, ancienne vice-première ministre du Québec, s'est déroulée en janvier 2008, à Laval. Ce jour-là, 110 000$ auraient été amassés, principalement auprès de firmes de génie-conseil qui auraient utilisé des prête-noms, selon l'ex-entrepreneur. Dans le rapport officiel de la soirée remis au bureau du DGE, le PLQ déclare toutefois n'avoir recueilli que 77 500$.

Lino Zambito a aussi affirmé que Bruno Lortie, le chef de cabinet de Nathalie Normandeau, lui avait demandé une autre contribution de 30 000$ lors d'une activité de financement prévue le 15 octobre 2009, à Montréal, et organisée par un cadre de la firme Dessau. Il avait choisi de passer son tour en raison de la diffusion d'un reportage le concernant le même jour.

Le bureau du DGE n'a pas souhaité commenter le dossier de Lino Zambito.

- Avec la collaboration de Daniel Renaud