La présidente du Conseil du trésor, Michelle Courchesne, a tenté de dissiper l'apparence de confusion dans le projet d'amphithéâtre de Québec, mardi, en insistant sur le fait qu'il y a «deux pilotes dans l'avion».

Lors d'une entrevue à La Presse Canadienne, Mme Courchesne a dû corriger des informations erronées diffusées par le cabinet du maire Régis Labeaume.

«On a convenu que dorénavant on partagerait notre information», a-t-elle dit.

La ministre a ainsi affirmé que le mode de construction n'avait pas encore été choisi et que le projet en était à l'étape du dossier initial et non à celle du dossier d'affaires final, contrairement à ce que le cabinet de M. Labeaume a déclaré.

Mme Courchesne a attribué cette confusion à des problèmes de communication et à la complexité de la Politique-cadre sur la gouvernance des grands projets d'infrastructure publique, à laquelle la Ville de Québec doit se soumettre.

«Très peu, très peu maîtrisent bien le contenu de la politique-cadre», a-t-elle dit.

La politique-cadre, issue du Conseil du trésor, prévoit trois étapes aux grands projets: le dossier de présentation stratégique, le dossier initial et le dossier d'affaires final.

L'an dernier, des représentants du gouvernement et de la Ville de Québec avaient déjà émis des informations contradictoires concernant l'étape où le projet était réellement rendu.

Mme Courchesne a soutenu mardi que ces nouvelles contradictions ne devraient pas être perçues comme un signe de confusion dans le dossier.

La ministre a insisté sur le fait que le projet dispose non pas d'un seul mais bien de deux pilotes, avec la Ville et le gouvernement, ce qu'elle conçoit comme un gage supplémentaire de rigueur.

«J'ai zéro inquiétude sur le pilote dans l'avion, a-t-elle dit. Je pourrais vous dire qu'il y en a même deux. (...) Dans un Boeing, il y a toujours un pilote et un copilote. Dans ce dossier-là, il y a deux copilotes, il y a deux pilotes.»

Mme Courchesne a reconnu le fait que l'administration Labeaume étudie actuellement l'hypothèse de recourir à un nouveau mode de construction, celui des «lots séquentiels».

«Au début avril, quand on va faire le point sur l'ensemble du dossier, moi je préfère confirmer le mode de réalisation à ce moment-là, a-t-elle dit. Ce que l'attaché de presse vous a dit, c'est vrai. C'est, au moment où on se parle, le mode de réalisation qui pourrait être privilégié, mais je le garde au conditionnel.»

La politique-cadre précise que les maîtres-d'oeuvre ont la possibilité d'opter pour le mode traditionnel, le mode en gérance, le mode «clés en main» et le mode partenariat public-privé.

Mme Courchesne n'a pas donné de détails sur le mode des «lots séquentiels» mais elle a reconnu qu'il s'agit d'une nouveauté.

«C'est une nouvelle appellation des experts dont on vous parlera, a-t-elle dit. C'est un perfectionnisme du vocabulaire.»

La cabinet de Mme Courchesne a par la suite précisé qu'il s'agit d'une variante du mode en gérance.

Paul-Christian Nolin, porte-parole de M. Labeaume, a rapporté lundi que le mode de construction retenu était celui des «lots séquentiels» et que le projet était rendu à l'étape du dossier d'affaires final. Apprenant que Mme Courchesne était d'un autre avis, M. Nolin a par la suite rectifié le tir.

Le porte-parole a assuré que le choix du mode de construction n'était pas final mais il n'a pas expliqué la confusion de l'administration municipale à propos de l'échéancier.

«Les partenaires sont à une étape où ils examinent encore toutes les options», a-t-il dit.

Mme Courchesne a indiqué qu'elle voit d'un bon oeil le fait qu'un comité de suivi du projet d'amphithéâtre est déjà en place, alors que cette instance n'entre habituellement en fonction qu'une fois franchie l'étape du dossier d'affaires final.

Selon la ministre, cela traduit le fait que la politique-cadre peut être adaptée aux différents contextes.

«On ne l'applique pas à la lettre littérale, mais dans ce cas-ci, on se donne des moyens de contrôle, des moyens de gestion rigoureuse, a-t-elle dit. Que le comité de suivi arrive un peu avant, c'est plutôt une bonne nouvelle.»

La semaine dernière, M. Labeaume a désigné un conseiller spécial, Claude Rousseau, qui le représentera au comité de suivi.