La négociation qui s'est déroulée en catimini entre l'ADQ et la CAQ fait enrager certains des militants adéquistes. «Honte à vous!», dénoncent une vingtaine d'entre eux dans une lettre rendue publique hier.

«Ils ont bafoué la démocratie. Ce n'est pas fort pour un parti qui se nomme l'Action démocratique du Québec», tonne Caroline Pageau, candidate aux élections de 2007 dans Taschereau et employée au cabinet du whip, puis du chef de l'ADQ en 2007-2008. Sa lettre est cosignée par 25 autres sympathisants et membres.

Mme Pageau pense que son parti a démontré son «incontrôlable désir de s'associer à la saveur du jour», dénonce-t-elle.

Elle aurait souhaité que l'ADQ obtienne de ses membres un mandat pour négocier une entente de principe. «Ou à tout le moins, ils auraient pu nous consulter avant la conférence de presse [de mardi] avec François Legault. Devant les caméras, ils parlaient comme si c'était déjà fait.»

Lundi dernier, la veille de cette conférence de presse, 27 des 32 membres du comité exécutif avaient entériné l'entente. Parmi les dissidents: les deux représentants de l'aile jeunesse et Claude Garcia, président de la commission politique. Ils n'ont pas signé la lettre de Mme Pageau. Même chose pour Adrien Pouliot, vice-président de la commission politique, qui s'oppose lui aussi à la mort de l'ADQ. «Je voulais que ce soit une initiative des membres, de la base», explique Mme Pageau.

Vote postal

L'ADQ organisera un vote postal en janvier pour obtenir l'appui de ses 2521 membres. Les signataires de la lettre auraient préféré que le parti organise une assemblée extraordinaire pour permettre aux membres d'en débattre. «On n'a pas de lieu pour faire valoir notre opinion, se désole Mme Pageau. Je peux échanger sur Facebook, mais ça a ses limites...»

Si l'alliance se concrétise, Mme Pageau deviendra une orpheline politique. «Avant l'ADQ, je ne m'impliquais pas politiquement. Et je ne vois pas pour qui je pourrais voter aux prochaines élections. Pas pour la CAQ.»