Le premier ministre Jean Charest trouve «inacceptable» que la Caisse de dépôt et placement compte des cadres supérieurs anglophones unilingues. «La Caisse de dépôt et placement doit corriger le tir [...] Il va de soi que la Caisse doit fonctionner en français», a affirmé Jean Charest lors de la période des questions à l'Assemblée nationale, mardi.

La ministre responsable de la Charte de la langue française, Christine St-Pierre, demande à la Caisse de «prendre des mesures». Elle demande aux cadres concernés d'apprendre le français. «Ça devrait faire partie des conditions d'embauche», a-t-elle ajouté.

La chef du Parti québécois, Pauline Marois, a brandi une lettre datée du 2 octobre dans laquelle le groupe d'employés demande au ministre des Finances, Raymond Bachand, d'intervenir pour «mettre fin à l'anglicisation progressive de la langue de travail à la Caisse, et ce, depuis un an et demi». Selon cette lettre, «les employés francophones communiquent entre eux en anglais afin de satisfaire la haute direction anglophone qui est incapable de s'adresser au personnel en français».

«Pourtant, M. Sabia lui-même, lors de sa nomination, s'était engagé à maintenir le français comme langue de travail surtout à la Caisse de dépôt, une institution publique qui doit donner l'exemple et qui a été à l'origine de la création d'un Québec inc. et d'une élite financière francophone au Québec. Il est donc hors de question de laisser la direction actuelle de la Caisse nous ramener 35 ans en arrière», a affirmé Mme Marois.

Elle a tourné en ridicule le lancement par la Caisse «d'une campagne d'affichage à la cafétéria pour faire de la sensibilisation». «Ce n'est pas très sérieux». Elle a exigé que le gouvernement agisse pour que la situation soit corrigée «sans délai». Elle a demandé que la connaissance du français soit un critère d'embauche à la Caisse et dans toutes ses filiales.

«Je pensais avoir été clair. La Caisse de dépôt et placement du Québec, ça se passe en français», lui a répondu Jean Charest. «La Caisse de dépôt et placement va corriger le tir, va s'assurer que les choses se font conformément à nos valeurs et nos lois.»

L'ADQ a elle aussi dénoncé la situation. «Le travail se passe en français», insiste son chef, Gérard Deltell. Mais il plaide le réalisme pour soutenir qu'un employé de la Caisse ne pourrait pas non plus être unilingue francophone. «Lorsqu'on a une question financière, vous devez, par la nature même des choses, avoir une certaine connaissance de l'anglais. D'où le fait que nous avons dit, entre autres, que l'anglais était la langue outil du XXIe siècle. C'est pour cela que nous avons proposé, il y a un an et demi, les cours intensifs en anglais [au primaire] pour que nos enfants soient bilingues. On est extrêmement fiers d'ailleurs de voir que les libéraux encore une fois ont piqué notre idée.»