À 63 ans, Françoise David se qualifie elle-même d'indignée. Non pas de Wall Street, mais bien d'ici, au Québec. Son livre, De colère et d'espoir, paru aux éditions Écosociété, prend la forme d'un carnet parcourant ses 40 années d'engagement social et politique.

Françoise David est une femme de combats, qui a non seulement endossé, mais épousé des causes auxquelles elle voue une fidélité de mots et de gestes.

Ce livre, la coporte-parole de Québec solidaire ne l'explique ni par une commande de son jeune parti ni comme une autobiographie. Elle le voit davantage comme l'outil qui servira à proposer à la population québécoise ses réflexions à elle sur les grands thèmes abordés depuis ses débuts militants.

Maintenant auteure, Françoise David livre avec parcimonie quelques lignes sur son cheminement personnel, ses rencontres, ses luttes, et des passages beaucoup plus longs sur sa vision du Québec, de la politique, d'une économie qui creuse l'écart entre les richesses, des services publics, mais aussi des enjeux environnementaux sensibles, dont le gaz de schiste, et les questions relatives à l'immigration et à la laïcité.

Tour à tour militante des forces progressistes, marxistes-léninistes, dans les milieux syndical et communautaire, elle a aussi été à la tête de la Fédération des femmes du Québec et a fait le saut en politique, d'abord avec Option citoyenne, avant de fusionner avec Québec solidaire.

De colère et d'espoir est aussi une porte ouverte sur son idéal et ce qui a motivé ses choix de poursuivre la lutte, même lorsqu'elle a été acculée au pied du mur. Elle reconnaît sans pudeur, malgré ses airs de battante, avoir connu des jours plus gris. Elle soutient par contre n'avoir jamais été paralysée par ses doutes.

«Des moments de lassitude? Bien sûr, il y en a eu, mais chaque fois que je commence à douter, il arrive quelque chose qui me fait dire: «non, nous ne sommes pas tous endormis'. Les gens se lèvent encore. Ce qu'il nous manque, c'est de canaliser les énergies sur le terrain politique et faire un vrai changement», confiait cette semaine Françoise David, croisée lors d'une... manifestation contre les gaz de schiste, à Montréal.

L'action et le militantisme figurent ainsi en toile de fond du carnet «De colère et d'espoir». Et Françoise David avoue se tenir alerte et nourrir sa motivation de l'actualité.

«Quand j'écoute les nouvelles, je bondis toujours trois ou quatre fois parce que des choses me heurtent et viennent me chercher. Par exemple, l'écart des riches, ou quand je vois qu'on nous ment sur le gaz de schiste, ça m'indigne», résume-t-elle encore.

Outre les débats brûlants, Françoise David dit trouver des raisons de continuer par les liens qui se tissent avec les militants, ceux de son parti - Québec solidaire occupe une place de choix dans son livre - mais aussi de ses rencontres avec des citoyens croisés sur la rue, qui lui demandent de poursuivre son action.

«Je milite parce que j'aime le Québec et les gens qui y vivent (...) La colère est un moteur pour l'action (...) Mais la colère sans l'amour est vaine. Les plus grandes révolutions sont fondées sur l'amour pour les personnes avec qui l'on se bat, construit et discute», écrit-elle.