Les états généraux sur la souveraineté pourront aborder la question de la stratégie référendaire, mais le Parti québécois ne changera pas de cap. La «gouvernance souverainiste» est dans le programme du PQ pour y rester, a indiqué Pauline Marois jeudi. Cette sortie a provoqué la colère de groupes indépendantistes.

Si la chef péquiste a elle-même proposé la tenue d'états généraux, elle refuse de remettre en question sa stratégie référendaire, décriée par le Nouveau Mouvement pour le Québec (NMQ) et Cap sur l'indépendance.

«La stratégie pourra être débattue. Mais, quant à moi, la stratégie du Parti québécois est arrêtée. Et le jour où on se présentera devant l'électorat, ce sera avec celle que nous avons adoptée au congrès (d'avril) à la quasi-unanimité. On va mettre en oeuvre cette stratégie», a-t-elle affirmé au terme d'une réunion du caucus des députés péquistes à Saguenay. La chef a ajouté qu'elle ne peut changer d'avis sur un «enjeu aussi important».

Selon elle, les états généraux représentent «plutôt un moment privilégié pour discuter pourquoi on doit faire la souveraineté, ce que ça changerait dans la vie des Québécois, quelle sorte de changements institutionnels on pourrait faire».

Rappelons que, selon le programme du PQ, la gouvernance souverainiste consiste à obtenir plus de pouvoirs d'Ottawa en attendant de tenir un référendum sur la souveraineté «au moment jugé approprié par le gouvernement».

Colère

L'instigateur du NMQ, Jocelyn Desjardins, est furieux. «Pour que l'exercice soit sérieux, il faut que tout soit sur la table. Ce sont les états généraux du Parti québécois ou les états généraux sur l'indépendance?», a-t-il lancé. Le coordonnateur de Cap sur l'indépendance, Gilbert Paquette, condamne lui aussi la position de Mme Marois.

Mercredi, des députés ont dit craindre que les états généraux ne monopolisent l'attention et ne donnent l'impression que le PQ se détourne de préoccupations plus urgentes des Québécois. Pauline Marois croit plutôt que les états généraux deviendront «le lieu pour faire les débats» sur la souveraineté, ce qui permettra au PQ «d'être sur le terrain» et de se préoccuper des «vrais problèmes des Québécois». Elle a minimisé les inquiétudes exprimées par des députés.

Samedi, Mme Marois a demandé à Gérald Larose, président du Conseil de la souveraineté, d'organiser les états généraux. La chef péquiste a précisé que «ce pourrait être tout à fait quelqu'un d'autre» qui les préside. Gérald Larose lui-même ne confirme pas qu'il sera à la tête de l'exercice, ajoutant même qu'une «liste de noms» circule pour le poste. Pauline Marois n'a pas voulu dire qui serait la meilleure personne selon elle, ni à quel moment devraient avoir lieu les états généraux. Le conseil d'administration du CSQ, dont un membre représente le PQ, se réunira le 9 septembre pour définir les paramètres des états généraux.

Mercredi soir, le président du PQ, Raymond Archambault, et le député de Drummond, Yves-François Blanchet, ont quitté Saguenay pour se rendre à Montréal afin de rencontrer des représentants de Cap sur l'indépendance, qui regroupe plusieurs groupes souverainistes. Ils ont confirmé l'ouverture du PQ à la tenue d'états généraux. Selon Gilbert Paquette, il y a eu un échange «franc» et «viril» avec les deux péquistes. Ils ont eu droit à une pluie de critiques au sujet de la gouvernance souverainiste, une stratégie qui «ne va pas assez loin» aux yeux de plusieurs, a dit M. Paquette.

Parmi les participants à la rencontre, il y avait des membres des Intellectuels pour la souveraineté, de la Société Saint-Jean-Baptiste, du SPQ Libre - un club politique qui a été exclu du PQ - et même du Réseau de résistance du Québécois. La semaine dernière, le député Sylvain Gaudreault qualifiait les membres du RRQ de «radicaux» et d'«extrémistes». «Ce n'est pas nous qui avions fait les invitations. Ils étaient là. On n'a pas changé d'avis sur nos orientations» à l'égard du RRQ, a répondu Mme Marois.