Les démissions fracassantes n'arrivent pas qu'au Parti québécois. La preuve le président de l'association libérale de Jonquière, Alexis St-Gelais, a claqué la porte du PLQ récemment.

Cet étudiant de 21 ans a «perdu confiance en Jean Charest». Il appelle les fédéralistes à s'inspirer des souverainistes et à fragmenter le PLQ en «partis multiples» pour représenter différents courants idéologiques.

Alexis St-Gelais a fait part de sa démission  présentée en juin  sur son blogue intitulé Détention de vote (detentiondevote.wordpress.com). Ses formules sont sévères à propos de Jean Charest et du PLQ, où il militait activement depuis 2006.

«Il y a des limites à ce qu'on peut changer de l'intérieur, écrit-il. Depuis le printemps 2010, les divergences entre le PLQ et moi se sont empilées. J'ai perdu confiance en Jean Charest. Je crois depuis le tout début qu'une commission d'enquête sur le monde de la construction est nécessaire. Je trouve le Plan Nord mal mené malgré son potentiel. Je ne vois pas où ce gouvernement veut emmener le Québec, maintenant qu'il a un mandat majoritaire.»

Certes, «à l'opposé du PQ, qui se décompose en public, le PLQ présente un front uni». «Mais dans son obstination et sa vanité ("Nous ferons l'unité des Québécois"...), il ne fait que démontrer qu'il s'entête dans ses erreurs, ne se remet jamais en question, se croit au-dessus de tout, même quand le monde s'effondre autour de lui.»

En entrevue à La Presse, il en a remis une couche. «Jean Charest n'a plus la crédibilité qu'il faut pour être le porte-parole du gouvernement devant l'opinion publique. Les gens ne l'écoutent plus.»

Sur son blogue, il note qu'un «climat de méfiance» s'est installé «entre et envers les militants» libéraux en raison des «scandales avérés ou réels révélés sur la place publique». «Ça ne m'a pas incité à m'ouvrir de mon malaise à d'autres, ni à me sentir soutenu», dit-il. Il reconnaît que peu de militants partageaient son point de vue.

Alexis St-Gelais a participé à plusieurs rassemblements du PLQ, dont le conseil général de novembre dernier. Il «regrette encore aujourd'hui» de ne pas s'être levé pour appuyer la résolution d'un militant réclamant la tenue d'une enquête publique sur la construction, ce qui aurait au moins permis un débat au sein du PLQ.

Cet «orphelin politique» se décrit comme «fédéraliste, régionaliste et de centre gauche». En raison de sa position idéologique, il n'entend pas se joindre à la Coalition pour l'avenir du Québec de François Legault.

Il se demande donc ce que peut faire «un fédéraliste qui quitte le PLQ mais souhaite néanmoins s'impliquer politiquement». Sa solution «mettre fin au système de coalitions bipartisan» et fragmenter le PLQ. «Le bloc souverainiste est déjà en train, peu à peu, d'évoluer et de se fragmenter en partis multiples qui, bien que tous soient en faveur de l'indépendance, adoptent des orientations socio-économiques distinctes. Pourquoi le bloc fédéraliste ne devrait-il pas suivre cet exemple? C'est une voie saine pour notre démocratie, trop longtemps prisonnière de l'exclusive question nationale», plaide-t-il.

Le directeur des communications du PLQ, Michel Rochette, trouve «dommage» le départ de M. St-Gelais, mais souligne que son mandat arrivait à terme et que tous les autres membres de l'exécutif de Jonquière sont restés en poste. «On ne l'a jamais muselé. Et il ne nous a jamais fait part de sa réflexion», a-t-il indiqué.