Le premier ministre Jean Charest tentera aujourd'hui de redonner un élan à son gouvernement en prononçant un discours inaugural à forte saveur économique qui tracera la voie de la deuxième moitié de son mandat.  

Mardi, deux heures à peine après l'adoption de la loi d'exception qui forçait les procureurs de la Couronne à reprendre le travail, M. Charest a confirmé qu'il donnera le coup d'envoi à une nouvelle session parlementaire. L'opposition l'accuse de s'être hâté d'utiliser la méthode forte contre les juristes pour nettoyer l'ardoise en prévision du discours inaugural. «Foutaise!» a rétorqué le ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier.

Devant les journalistes, Jean Charest n'a voulu donner aucune indication sur le contenu de son discours.»Ça va être formidable!» s'est-il contenté de dire avant de rencontrer ses députés en fin d'après-midi.

De la «diversion» ?

L'opposition n'est évidemment pas du même avis. Interrogée pour savoir ce qu'elle attendait du discours inaugural, Pauline Marois a résumé sa pensée en un mot: «Rien.»

Après huit ans au pouvoir, «comme son action a été décevante sur toute la ligne, comment voulez-vous qu'on attende quelque chose de vraiment neuf de ce gouvernement?» a ajouté la chef péquiste.

Selon elle, Jean Charest fait de la «diversion» pour tenter de «mettre derrière lui des dossiers litigieux et difficiles», comme ceux du gaz de schiste et de la collusion dans l'industrie de la construction.

La députée adéquiste Sylvie Roy va plus loin: le discours inaugural sera le «chant du cygne» de Jean Charest. «Ça n'effacera pas l'ardoise. Les Québécois vont se souvenir de ce qui s'est passé cette nuit (NDLR la loi d'exception) et ils vont se souvenir aussi de la gouverne libérale, qui va de crise en crise sans jamais de résultats.»

Les attentes d'Amir Khadir ne sont «pas très élevées» non plus. Selon le député de Québec solidaire, Jean Charest en est à sa «dernière chance», et elle est «très mince». Si le premier ministre ne se met pas à «écouter son peuple, il a un autre choix: démissionner», a-t-il lancé.

Sans surprise, la vice-première ministre, Nathalie Normandeau, a confirmé que le Plan Nord sera au coeur du discours de son patron. Selon son collègue des Finances, Raymond Bachand, l'état précaire des finances publiques ne signifie pas que le discours de M. Charest sera modeste. «Quand vous avez des difficultés dans votre famille, cela vous empêche-t-il de rêver avec vos enfants à votre plan de vie?» a-t-il illustré.

On peut s'attendre à ce que Jean Charest donne le feu vert à des stratégies très attendues, comme des mesures pour améliorer la qualité des soins aux aînés et un livre vert sur une nouvelle politique agricole. Il abordera sûrement aussi la question de l'exploitation des ressources naturelles. Le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) doit rendre son rapport sur les gaz de schiste le 28 février.

Enfin, Jean Charest devrait se prononcer sur le sort des projets de loi qui n'ont pu être adoptés au cours de la session, comme ceux sur les mines et sur le port du voile intégral dans les services publics.