Le premier ministre Jean Charest s'est défendu, mardi, de faire passer les intérêts des collecteurs de fonds de son parti avant ceux de la population québécoise, relativement à un projet controversé de relance d'une mine d'amiante dans les Cantons-de-l'Est.

M. Charest a accusé la chef de l'opposition officielle Pauline Marois de lui prêter des intentions en évoquant ses liens avec un homme d'affaires associé au projet, qui a aussi organisé une soirée de financement pour le Parti libéral du Québec.

Lors de la période des questions à l'Assemblée nationale, M. Charest a laissé entendre qu'il ne défend aucun autre intérêt que ceux de la population.

«Je m'étonne de la question de la chef de l'opposition officielle qui prête des intentions au gouvernement, qui continue de dire que nous avons, semble-t-il selon elle, des intérêts autres que les intérêts supérieurs du Québec», a-t-il dit.

Le leader parlementaire adjoint de l'opposition officielle, Bertrand Saint-Arnaud, est cependant revenu à la charge en affirmant que le gouvernement s'est caractérisé par sa tendance à privilégier ses amis avant l'intérêt public.

«Quoi qu'en dise le premier ministre, ce qui caractérise le gouvernement libéral, c'est la constante confusion entre l'intérêt public et les intérêts des grands collecteurs de fonds du parti», a-t-il dit.

Le leader parlementaire du gouvernement, Jean Marc Fournier, a répliqué que M. Saint-Arnaud n'a aucune preuve de ce qu'il avance.

«En aucun cas on ne peut faire ce genre de lien, à moins d'avoir le minimum de l'ombre du début d'une preuve, qu'il n'a pas, a-t-il dit. C'est un amalgame. On dit n'importe quoi.»

L'homme d'affaires Baljit Chadha, président de l'entreprise Balcorp, dirige un consortium d'investisseurs qui souhaite obtenir du gouvernement une garantie de prêt de 58 millions $ afin de relancer la mine Jeffrey, à Asbestos.

En 2009, M. Chadha a organisé à sa résidence de Westmount un cocktail de financement, en présence de M. Charest, ce qui a permis de récolter 19 000 $ pour le PLQ.

Lors d'une mission économique en Inde l'an dernier, à laquelle M. Chadha a participé, M. Charest a été interpellé à plusieurs reprises par des travailleurs indiens l'enjoignant de faire cesser les exportations d'amiante dans leur pays en raison des risques pour la santé que pose ce produit cancérigène.

Se disant impuissant quant à l'application des normes du travail à l'étranger, M. Charest a répété inlassablement que l'utilisation sécuritaire de l'amiante était possible.

Le projet de relance de la mine Jeffrey a confronté le gouvernement à une levée de boucliers de la part d'organismes de santé publique et de médecins qui dénoncent les risques pour la santé liés à l'utilisation de l'amiante dans des pays comme l'Inde, premier marché des exportations québécoises.

Mardi, le ministre du Développement économique, Clément Gignac, a affirmé qu'aucune décision n'avait encore été prise quant à la garantie de prêt, des informations supplémentaires étant encore attendues de la part de Balcorp.

M. Gignac a indiqué qu'il reste aussi des assurances à obtenir concernant l'utilisation sécuritaire de l'amiante en Inde.

«Lorsqu'on aura tous les éléments pour annoncer une prise de décision, on fera l'annonce», a-t-il dit lors d'un point de presse.