Le Parti québécois s'est indigné que les libéraux récompensent le député Jean D'Amour en le nommant à une commission parlementaire, malgré les infractions qu'il a commises alors qu'il était lobbyiste.

La leader parlementaire adjointe de l'opposition officielle, Agnès Maltais, a déclaré mardi qu'il était odieux de confier à M. D'Amour, qui a récemment admis avoir enfreint le loi sur les activités de lobbyisme, des fonctions lui permettant de superviser les appels d'offres du gouvernement.

«Le gouvernement va déposer une motion suggérant que le député de Rivière-du-Loup soit membre de la commission d'administration publique, la commission qui voit tous les appels d'offre, qui voit tous les contrats du gouvernement, la commission qui exige non seulement de l'intégrité, mais la confiance de ses pairs, a-t-elle déclaré en Chambre. Est-ce qu'on va mettre le loup dans la bergerie?»

Le leader parlementaire du gouvernement, Jacques Dupuis, a accusé l'opposition de vouloir salir la réputation de M. D'Amour, qui a mis les libéraux dans l'embarras à plusieurs reprises, depuis un an, à cause de ses nombreuses bourdes.

«Le député de Rivière-du-Loup s'est lui-même soumis à toutes les autorités compétentes du Québec au sujet des allégations qui avaient été faites à son sujet, a-t-il dit. Il y a eu une enquête, il y a collaboré, il y a eu un constat d'infraction qui a été émis, il a payé l'amende qui était afférente au constat d'infraction.»

La semaine dernière, M. D'Amour a reconnu qu'il a enfreint la Loi sur la transparence et l'éthique en matière de lobbyisme en sollicitant son successeur à la mairie de Rivière-du-Loup pour le compte d'une firme de génie-conseil, BPR.

Mardi, le PQ a réclamé une nouvelle fois la publication du rapport du commissaire au lobbyisme constatant les infractions de M. D'Amour, qui a été élu en juin dernier à l'Assemblée nationale.

«Nous ne savons toujours pas, à cette date-ci, combien d'infractions il a commises en vertu de la Loi sur le lobbyisme et sur quels dossiers il est intervenu, a-t-elle dit lors d'un point de presse. Est-ce qu'il est intervenu sur des dossiers? Est-ce qu'il a usé de ses privilèges d'ancien maire pour intervenir sur ces dossiers?»

Mme Maltais s'est interrogée sur la raison pour laquelle le premier ministre Jean Charest récompense ainsi un député qui lui a causé autant de problèmes, notamment lorsqu'il était président du Parti libéral du Québec (PLQ).

La députée péquiste a laissé entendre que M. Charest pourrait le protéger ainsi parce que M. D'Amour connaît le véritable montant du salaire versé par le PLQ au premier ministre, en plus de sa rémunération de fonction.

«Est-ce que c'est parce qu'il a été président du Parti libéral? Est-ce que c'est parce que c'est l'homme qui sait actuellement quel est le véritable salaire de Jean Charest? M. Charest a à répondre à ces questions.»

M. D'Amour s'était exclu du caucus libéral, en novembre, le temps que des enquêtes déterminent s'il avait été mêlé à un cas de financement illégal. Il a réintégré les rangs en décembre, le Directeur général des élections et la Sûreté du Québec ayant conclu qu'il n'y avait pas matière à poursuites.

L'Ordre des ingénieurs du Québec a aussi ouvert une enquête, en décembre, afin de déterminer si M. D'Amour a été mêlé à un cas d'usurpation du titre d'ingénieur alors qu'il vendait des services de génie-conseil à des villes du Bas-Saint-Laurent, pour le compte de BPR.

L'aile parlementaire libérale a indiqué qu'une motion avait été déposée, mardi, afin que le député réintègre la commission de l'administration publique et la commission de l'économie et du travail.

L'attachée de presse Andrée-Lyne Hallé a affirmé que M. D'Amour avait dû renoncer à ses fonctions quand il s'était retiré du caucus, l'automne dernier.

Le député libéral, élu en juin dernier lors d'un scrutin complémentaire, a refusé de dire s'il était contradictoire qu'il demeure sein du caucus du PLQ malgré son aveu de culpabilité, alors qu'il s'était retiré à cause de simples allégations, l'automne dernier.

«Je suis profondément désolé de toute cette situation là, conscient aussi de l'embarras que j'ai pu causer au sein de mes collègues, s'est-il contenté de dire. J'ai pris la décision d'assumer mon geste, la décision que je devais prendre à mon sens.»

M. D'Amour a été maire de Rivière-du-Loup, de 1999 à 2007. Il a ensuite été directeur du développement des affaires pour BPR ainsi que président du PLQ.

A titre de président du parti, il avait confirmé que M. Charest reçoit une rémunération de 75 000 $ par année s'ajoutant à son salaire de premier ministre.

Questions d'éthique au menu



En cette journée de rentrée parlementaire, le PQ est revenu à la charge en remuant toutes les questions d'éthique qui ont placé le gouvernement sur la défensive, avant la suspension des travaux pour le congé des Fêtes.

La chef péquiste Pauline Marois a réclamé la nomination immédiate d'un commissaire à l'éthique et rappelé que le gouvernement refuse d'instituer une commission d'enquête à la suite d'allégations de malversations dans le secteur de la construction.

Par ailleurs, l'Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) a annoncé qu'il augmentera le nombre d'inspections professionnelles auprès des ingénieurs travaillant en pratique privée.

Cette décision a été prise à la suite d'une hausse du nombre de demandes, a indiqué mardi l'OIQ dans un communiqué.

«Ces inspections, dont les objectifs sont multiples, visent notamment à surveiller l'exercice de la profession tant du point de vue de la compétence que du respect de la législation, de la déontologie et de l'éthique», a indiqué l'OIQ.

L'OIQ s'était déjà prononcé en faveur d'une commission d'enquête publique sur la construction.