En multipliant les attaques contre les conservateurs, Jean Charest a «sauvé la campagne du Bloc» et nui aux intérêts du Québec, estime Mario Dumont.

«Gilles Duceppe avait probablement préparé une lettre de remerciement pour le sauvetage du Bloc québécois qui s'intitulait «Chère Pauline...». Là, il est obligé de rayer ça du haut de la lettre et écrire «Cher Jean», a ironisé le chef de l'Action démocratique du Québec. Parce que c'est Jean Charest qui a sauvé le Bloc québécois dans cette campagne-là. Duceppe-Charest, c'est le nouveau couple improbable au Québec.»

Selon M. Dumont, les élections générales étaient une belle occasion pour les Québécois de récompenser le gouvernement Harper. «Après les engagements qui avaient été pris en 2006 par les conservateurs, les résultats qui avaient été livrés en termes de péréquation, de reconnaissance de la nation, d'un siège à l'UNESCO, j'aurais pensé que l'élection suivante serait une occasion.»

En n'envoyant que 10 députés conservateurs à Ottawa, dont aucun de la grande région de Montréal, «le Québec s'est affaibli», estime le chef de l'opposition. Il reconnaît que le parti de Stephen Harper a commis sa part d'erreurs, notamment en vendant mal ses réalisations des deux dernières années. Mais ce sont surtout les interventions des ténors libéraux, et au premier chef celles de Jean Charest, qui ont fait mal aux conservateurs.

«Les journalistes en ont compté une quinzaine au total, de ces interventions, de différents ministres et du premier ministre lui-même. Des interventions répétées, des bâtons dans les roues quasi quotidiens à la campagne électorale du gouvernement conservateur. Ce sont des interventions martelées qui ont certainement nui.»

M. Dumont estime que Jean Charest a voulu profiter de la campagne électorale pour se refaire un vernis nationaliste. «On comprend tous qu'après une année assez faible à peu revendiquer des choses d'Ottawa, après une année assez molle sur le plan des relations fédérale-provinciales, il s'est sans doute dit qu'il allait profiter du feu des projecteurs pour se redonner une belle image nationaliste. Il s'est mis un doigt dans l'oeil.»

Pour sa part, Mario Dumont estime s'être montré beaucoup plus discret dans ses interventions, même s'il était notoire que les conservateurs avaient l'appui des adéquistes. «Je n'ai pas donné de mot d'ordre disant aux gens de s'impliquer. Dans cette campagne-là, je n'ai pas eu le genre d'implication qu'a eue le gouvernement Charest.»

Il assure que l'affaiblissement des conservateurs ne menace pas l'ADQ. «Ce sont des scènes politiques qui sont différentes. Nous, on a percé dans la région de Montréal, pas dans l'île, mais à Boucherville, à Saint-Constant, à La Prairie, tout autour de Montréal, à Repentigny, à Saint-Eustache, c'est représenté par des adéquistes.»

Il estime cependant que le moment serait malvenu de déclencher des élections provinciales, comme la rumeur en prête l'intention au gouvernement Charest depuis quelques semaines.

«Pour beaucoup de citoyens, la dernière élection a coûté 300 millions et ça n'a pas changé beaucoup de choses. Il n'y a pas beaucoup de monde qui doit arrêter M. Charest sur la rue, lui tirer sur la manche et lui dire: «Lâchez l'économie, prenez 100 millions et faites une élection.» Les gens veulent une stratégie économique plutôt qu'une stratégie électorale.»