Le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, Mario Dion, déclenche une enquête dans la foulée des allégations d'ingérence politique dans l'affaire SNC-Lavalin. Le premier ministre, Justin Trudeau, se dit «favorable».

Le Commissariat aux conflits d'intérêts et à l'éthique a confirmé lundi par courriel avoir acquiescé à une demande d'étude faite par les députés néo-démocrates, Charlie Angus et Nathan Cullen, «concernant l'allégation selon laquelle le premier ministre ou son cabinet aurait tenté de faire pression» sur l'ex-ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould.

Le gouvernement de Justin Trudeau est plongé dans une véritable tempête depuis les révélations du Globe and Mail, jeudi dernier, selon lesquelles le bureau du premier ministre aurait fait «pression» sur Mme Wilson-Raybould pour qu'elle intervienne à la faveur d'une entente hors cour dans le dossier de fraude et corruption de SNC-Lavalin.

Le premier ministre a affirmé que «les allégations» du quotidien étaient «fausses» et qu'en aucun cas, lui ou son bureau n'avaient «demandé quoi que ce soit au procureur général actuel ou au précédent» dans ce dossier. L'ex-ministre de la Justice, qui a été mutée aux Anciens Combattants en janvier dernier, se refuse à tout commentaire.

«Le commissaire à l'éthique du Canada est d'accord qu'il y a des motifs suffisants pour démarrer une enquête indépendante sur le premier ministre Justin Trudeau et son bureau par rapport au traitement de faveur présumé octroyé à SNC-Lavalin», a dénoncé le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, dans un communiqué.

Accueil favorable de Trudeau

En tournée à Vancouver, le premier ministre Justin Trudeau a indiqué lors d'un point de presse être «favorable» à la décision du commissaire à l'éthique. Il a par ailleurs affirmé avoir «demandé» à l'actuel ministre de la Justice, David Lametti, de «regarder l'enjeu» de lever le secret professionnel qui tient Mme Wilson-Raybould au silence.

«L'enjeu du privilège de la confidentialité n'est pas un enjeu simple», a précisé M. Trudeau, qui dit maintenant attendre les recommandations du ministre Lametti. Pourtant, un peu plus tôt, le principal intéressé n'a pas voulu s'aventurer sur cette possibilité que réclame notamment le chef conservateur Andrew Scheer.  

«Comme vous savez, je suis le procureur général du Canada et donc, l'avocat du gouvernement et ce serait inopportun et inapproprié de fournir des commentaires là-dessus», a affirmé Mme Lametti lundi en marge d'une allocution faite devant les membres de l'Association du Barreau canadien.

«Pleine confiance»

Justin Trudeau a réitéré sa «pleine confiance» envers sa ministre Wilson-Raybould, toujours lors d'un point de presse à Vancouver. Le premier ministre a dit l'avoir rencontré à deux reprises depuis le début de sa visite dans l'Ouest du pays.

«Elle m'a rappelé une conversation à l'automne durant laquelle je lui ai dit que toute décision en lien avec la directrice des poursuites pénales est la sienne. [...] Sa présence même au conseil des ministres parle pour elle-même», a soutenu Justin Trudeau.

Des accusations de fraude et de corruption pèsent contre la firme SNC-Lavalin, qui aurait versé des millions de dollars en pot-de-vin entre 2001 et 2011 pour s'assurer d'obtenir des contrats avec le gouvernement de la Libye. En cas de verdict de culpabilité, la firme se verrait interdire tout contrat du gouvernement fédéral pendant dix ans.