Le chef conservateur, Andrew Scheer, a évité de se prononcer sur l'avenir du député Maxime Bernier au sein du caucus conservateur lors d'un point de presse impromptu à Regina, jeudi.

« Je n'entrerai pas dans les discussions internes du caucus, a-t-il répondu à un journaliste. Ce sont des choses qui se décident en équipe, mais je m'attends à ce que nous travaillons tous pour atteindre le même but. »

M. Scheer a ensuite souligné qu'il ne restait qu'une année avant les prochaines élections fédérales et qu'il était essentiel que tous ses députés se concentrent sur l'élaboration de nouvelles politiques pour défaire les libéraux de Justin Trudeau.

Maxime Bernier semble faire de plus en plus cavalier seul. Il était absent d'une téléconférence du caucus québécois de son parti durant la saison estivale, a révélé le lieutenant conservateur au Québec, Alain Rayes, en entrevue.

« Je pense que des gens auraient le goût de lui parler quand il retournera les appels, et on verra par la suite ce qui sera fait », a dit M. Rayes.

M. Bernier pourrait ainsi faire face à des conséquences, mais, « présentement, personne n'a parlé d'expulser Maxime Bernier, on n'en est pas là aujourd'hui », a-t-il précisé en l'invitant à réfléchir.

Les récents messages de M. Bernier sur les réseaux sociaux ont causé une certaine perplexité dans les rangs conservateurs. Le député Tony Clement estime qu'il n'est plus le même homme.

« Le Max Bernier que j'ai appuyé durant la course à la direction n'aurait pas pris la position qu'il affiche présentement », a-t-il soutenu en rappelant qu'il s'opposait à l'imposition d'un test aux immigrants sur les « valeurs canadiennes » proposée par sa rivale Kellie Leitch.

Désavoué par son chef mercredi soir, Maxime Bernier s'est à nouveau défendu sur Twitter jeudi matin.

Dans une série de trois gazouillis dans les deux langues officielles, le député conservateur assure qu'il ne fait pas de la « politique identitaire ».

« Faire de la politique identitaire signifie cibler des groupes spécifiques sur la base de leur origine ethnique, religion, langue, sexualité ou autres caractéristiques, au lieu de leur parler en tant que Canadiens intéressés au bien-être de la société entière », a écrit le député dans le premier de ses trois messages.

« La politique identitaire est devenue omniprésente et est pratiquée par tous les partis qui tentent ainsi d'acheter des votes. Le débat politique a dégénéré en un conflit entre différentes façons de racoler des groupes précis, au lieu de faire appel à nos intérêts communs », a-t-il dénoncé.

« J'ai dit à plusieurs reprises que la politique identitaire est réductrice, source de division et destructrice de notre cohésion sociale. Je fais LE CONTRAIRE en me concentrant sur des solutions politiques qui concernent TOUS les Canadiens. Et je continuerai de le faire », a-t-il conclu.

Le premier ministre Justin Trudeau n'a pas hésité jeudi à utiliser les messages de Maxime Bernier pour mettre tous les conservateurs dans le même sac, malgré le désaveu d'Andrew Scheer.

« C'est une question sur laquelle malheureusement le Parti conservateur continue de faire ce qu'ils ont fait pendant des années avec Stephen Harper, c'est-à-dire de choisir de diviser les Canadiens », a dit M. Trudeau en marge d'un événement à Saint-Eustache.

Andrew Scheer a rejeté ces propos en affirmant jeudi que son parti pouvait à la fois promouvoir la diversité et l'unité de tous les Canadiens.

La controverse a commencé en début de semaine à cause d'une autre série de messages sur Twitter. Le député de Beauce s'en prenait à ceux qui veulent que la société canadienne affiche de plus en plus de diversité, ce qu'il a qualifié de « multiculturalisme extrême ». Puis, mardi, il a critiqué la décision de baptiser un parc à Winnipeg du nom d'un fondateur du Pakistan, alors que la Ville de Victoria a enlevé une statue de John A. Macdonald.

Les libéraux se sont empressés de réclamer qu'Andrew Scheer expulse le député de son caucus.

Le chef conservateur a plutôt choisi de diffuser un communiqué en soirée mercredi pour rappeler que M. Bernier n'a aucun rôle officiel et « ne parle pas au nom du Parti conservateur du Canada sur quelque question que ce soit ».

Plus tôt dans la journée de mercredi, son bureau soulignait que, en vertu de la Loi sur le Parlement du Canada, ce sont les députés du caucus, à hauteur de 20 %, qui doivent demander l'expulsion d'un député et approuver cette proposition lors d'un scrutin secret.

Cette controverse survient à une semaine du congrès du Parti conservateur, où bien des observateurs surveilleront l'accueil qui sera réservé à Maxime Bernier par ses collègues et par les militants.

M. Bernier a raté de peu la chefferie du Parti conservateur en mai 2017, cédant la victoire à M. Scheer qui, au 13tour, a obtenu moins de 1 % d'avance. Au printemps, le chef a retiré au député son rôle dans son cabinet fantôme parce qu'il s'entêtait à critiquer publiquement la gestion de l'offre.