Un député libéral exige que le conservateur Maxime Bernier soit exclu de son caucus pour des propos sur les immigrants récemment publiés sur les réseaux sociaux.

Arif Virani, secrétaire parlementaire du ministre du Patrimoine canadien et du Multiculturalisme, a envoyé mercredi une lettre au chef conservateur Andrew Scheer pour lui demander d'agir immédiatement. Il dénonçait au passage son silence depuis la publication des messages de M. Bernier lundi.

Mercredi soir, M. Scheer a affirmé par communiqué que Maxime Bernier «n'a pas de rôle officiel au sein du caucus et ne parle pas au nom du Parti conservateur du Canada sur quelque question que ce soit», tout en restant muet sur l'avenir du député de Beauce dans les rangs conservateurs.

Le chef conservateur a dit ne pas être «personnellement d'accord avec les politiciens de gauche et de droite qui ont recours à la politique pour diviser les Canadiens».

Dans une série de gazouillis sur Twitter, Maxime Bernier dénonçait lundi «le multiculturalisme extrême et le culte de la diversité de Trudeau» en faisant allusion au premier ministre.

«Plus de diversité ne nous rendra pas plus forts, cela détruira notre pays», a-t-il écrit après avoir dénoncé «la balkanisation culturelle» qui «amène la méfiance, les conflits sociaux et potentiellement la violence».

Le député en a rajouté mardi soir en remarquant qu'un parc de Winnipeg porte maintenant le nom d'un fondateur du Pakistan, alors que la Ville de Victoria a enlevé une statue de John A. MacDonald, l'un des pères fondateurs du Canada. «L'indépendance du Pakistan a mené à 1M de morts», a écrit M. Bernier.

C'est la goutte qui a fait déborder le vase pour le libéral Arif Virani qui considère cette publication comme «une attaque haineuse» contre tous les Canadiens d'origine pakistanaise.

Il lance un ultimatum au chef conservateur: s'il n'exclut pas Maxime Bernier de son caucus, les Canadiens en viendront à la conclusion qu'il accepte ses propos.

Le bureau d'Andrew Scheer a souligné qu'en vertu de la Loi sur le Parlement du Canada, ce sont les députés du caucus, à hauteur de 20%, qui doivent demander l'expulsion d'un député et approuver cette proposition lors d'un scrutin secret.

Un peu plus tôt mercredi, le chef conservateur s'était aussi attiré les foudres du chef néo-démocrate, Jagmeet Singh. «Je suis vraiment déçu d'AndrewScheer, a-t-il publié sur Twitter. Son refus de dénoncer ces commentaires de division envoie un message dangereux.»

Dans son communiqué publié mercredi soir, M. Scheer a déclaré qu'un gouvernement conservateur continuerait «à accueillir les gens du monde entier qui veulent venir ici en raison de la société que nous avons bâtie».

Il avait déjà émis une déclaration lundi en réaction aux premiers gazouillis de son député. «Les conservateurs vont continuer à reconnaître et à célébrer la contribution faite au Canada par des gens de diverses origines qui enrichissent notre histoire et notre société», avait-il alors écrit.

Trois députés conservateurs, quant à eux, se sont distancés des messages de Maxime Bernier. Tony Clement, Erin O'Toole et Michelle Rempel ont tous publié une série de messages sur le réseau social au cours des derniers jours.

«Trop de diversité ne détruira pas le Canada, monsieur, a écrit Tony Clement en s'adressant directement à son collègue. Les plus grandes menaces sont celles contre la démocratie, l'état de droit et les libertés (civiles)...»

M. Clement avait appuyé Maxime Bernier lors de la dernière course à la direction du Parti conservateur.

Michelle Rempel a indirectement accusé M. Bernier d'avoir publié ces gazouillis pour l'aider à amasser des fonds dans sa circonscription et a critiqué au passage l'approche du gouvernement Trudeau en matière d'immigration.

Le député Erin O'Toole a, quant à lui, rappelé la contribution du Parti conservateur au multiculturalisme avec la loi adoptée sous Brian Mulroney en 1988.

Maxime Bernier n'a pas souhaité réagir mercredi. Il avait déjà été exclu du cabinet fantôme de son parti en juin après qu'il eut rendu publics des extraits d'un livre où il dénonçait le recrutement de «faux conservateurs» par Andrew Scheer lors de la course à la direction.