Le bureau du premier ministre Justin Trudeau a annulé l'invitation à une réception à Delhi faite à un homme qui a été reconnu coupable d'avoir tenté d'assassiner un ministre indien en 1986. Mais l'erreur a été détectée après une première activité où s'est présenté M. Atwal.

Selon un haut responsable du cabinet de Justin Trudeau, une invitation à l'intention de Jaspal Atwal par le haut-commissaire du Canada en Inde à prendre part à la réception jeudi était une erreur et elle a été corrigée dès sa découverte.

Mais l'erreur a été détectée après que M. Atwal ait assisté à un autre événement avec M. Trudeau, mardi soir.

CBC News a rapporté tard mercredi que Jaspal Atwal avait participé à une activité du premier ministre avec l'industrie du cinéma indien, à Mumbai, où il apparaît sur des photos avec l'épouse de Justin Trudeau, Sophie Grégoire, et le ministre de l'Infrastructure, Amarjeet Sohi.

Les responsables du bureau du premier ministre ont refusé de commenter le processus de vérification qui a conduit à l'envoi de ces deux invitations. Un porte-parole a déclaré que les questions liées à la sécurité du premier ministre demeureront sans réponse.

M. Atwal a en fait été ajouté à la liste des invités par le député de la Colombie-Britannique Randeep Sarai, un des 14 députés qui accompagnent M. Trudeau en Inde. M. Sarai a admis être responsable de la situation et avoir manqué de jugement.

Ces revers embarrassants, qui soulèvent des questions sur la sécurité et les préparatifs diplomatiques du voyage de Justin Trudeau, surviennent alors que le premier ministre essaie de rassurer les leaders politiques indiens que son gouvernement répudie l'extrémisme violent sikh.

Selon CBC, Jaspal Atwal était un membre de la Fédération internationale de la jeunesse sikhe, un groupe terroriste interdit au Canada et en Inde, et avait été condamné de tentative de meurtre contre un ministre indien. Il est l'un des quatre hommes ayant pris au piège et atteint par balle Malkiat Singh Sidhu sur l'île de Vancouver en 1986.

CBC a indiqué que M. Atwal avait également été reconnu coupable de fraude automobile et qu'il avait été inculpé, mais non condamné, pour une violente attaque en 1985 contre Ujjal Dosanjh, un farouche opposant au mouvement indépendantiste sikh du Khalistan. M. Dosanjh est devenu premier ministre de la Colombie-Britannique et ministre fédéral.

La nouvelle de la participation de Jaspal Atwal est survenue quelques heures après que Justin Trudeau ait assuré le chef du gouvernement de la province du Pendjab, Amarinder Singh, que le Canada appuie une Inde unie et qu'il condamne l'extrémisme violent.

M. Singh a par le passé qualifié la présence de quatre ministres sikhs au sein du cabinet Trudeau de «sympathisants khalistanais» et a refusé l'année dernière de rencontrer l'un d'eux, le ministre de la Défense, Harjit Sajjan.

Les tensions entre le Canada et l'Inde se sont accentuées au cours des dernières années en raison des préoccupations des Indiens quant à une hausse de l'extrémisme sikh provenant de certaines communautés sikhes du Canada. Les apparitions de Justin Trudeau lors de certains événements sikhs où étaient présents des extrémistes qui sont partisans du premier ministre ont également causé du mécontentement en Inde.

Le premier ministre indien, Narendra Modi, a soulevé la question avec M. Trudeau à plusieurs reprises et il est probable qu'il y reviendra lorsque les deux dirigeants se rencontreront vendredi à Delhi.

Après sa rencontre mercredi avec M. Singh, Justin Trudeau a réitéré que le Canada soutient une Inde unie et condamne toute forme d'extrémisme violent, mais qu'il ne sévira pas contre ceux qui préconisent pacifiquement un État sikh indépendant parce que c'est un enjeu de liberté d'expression.

«Nous nous opposerons toujours à l'extrémisme violent, mais nous estimons que la diversité des points de vue est l'une des grandes forces du Canada, a déclaré M. Trudeau. J'ai été capable de lui faire comprendre cela très clairement.»