La saga des lettres de la sénatrice Lynn Beyak se poursuit, alors que certains de ses collègues du Sénat se demandent si elle aurait violé le code d'éthique et les règles de dépenses de la chambre haute.

Cinq membres du groupe de sénateurs indépendants ont écrit mardi au conseiller sénatorial en éthique, Pierre Legault, pour qu'il enquête sur les lettres jugées «offensantes» affichées sur le site internet de la sénatrice et qu'il détermine si celles-ci violent les règles du Sénat contre la promotion de la haine.

Dans un communiqué, le sénateur indépendant Yuen Pau Woo affirme que le comportement de la sénatrice «n'est pas compatible avec le rôle de la chambre haute comme force unificatrice du pays et comme défenseur des minorités».

Les sénateurs souhaitent également que le Comité de la régie interne, des budgets et de l'administration décide si l'affichage de ce contenu sur un site lié au Sénat constitue une mauvaise utilisation des ressources de la chambre haute.

Dans une récente entrée sur son site web, la sénatrice Beyak a partagé des lettres d'appui à plusieurs de ses déclarations controversées. Elle a notamment dit qu'il y avait eu des retombées positives aux pensionnats autochtones, et que les Autochtones devraient abandonner leur «statut d'Indien» pour vivre dans leurs communautés avec leurs propres moyens.

Mme Beyak a été exclue du caucus conservateur, la semaine dernière, après avoir refusé de retirer plusieurs lettres qui, selon le chef conservateur Andrew Sheer, contenaient des propos racistes.

La sénatrice a réfuté la version des faits de M. Scheer et a qualifié ce dernier de chef inexpérimenté qui a opté pour la langue de bois.

Lynn Beyak, qui siège maintenant comme indépendante, martèle que ses déclarations et ces lettres reflètent une opinion qui mérite d'être entendue.

Deux ministres, Carolyn Bennett (Relations Couronne-Autochtones) et Jane Philpott (Services aux Autochtones), ont prié MM. Scheer et le leader conservateur au Sénat, Larry Smith, de faire pression afin que soient retirés ces documents «contenant de la désinformation ainsi que des stéréotypes racistes».

Parmi les cinq sénateurs qui ont signé la lettre au conseiller sénatorial en éthique, on retrouve Raymonde Gagné, Ratna Omidvar, Chantal Petitclerc et André Pratte, qui ont été tous nommés en 2016.

«Tous les sénateurs protègent jalousement leur liberté de parole et leurs privilèges parlementaires. Mais cela implique que nous disions la vérité et justifions nos assertions et que, dans tous les domaines, nous nous comportions de manière responsable dans le cadre de notre code d'éthique», a déclaré Mme Gagné dans le communiqué des sénateurs.

«Nous attendons avec intérêt une enquête complète et équitable sur le comportement de la sénatrice Beyak, de même que les résolutions nécessaires.»

Il s'agira de l'une des premières tâches de Pierre Legault, qui a été nommé le mois dernier par le premier ministre Justin Trudeau.