Le Nouveau Parti démocratique (NPD) déposera dès aujourd'hui une motion à Ottawa pour demander une étude approfondie du dossier des langues officielles dans les aéroports canadiens, après un reportage de La Presse qui révélait un recul généralisé du bilinguisme.

« C'est très grave, a tonné hier le député François Choquette, porte-parole néo-démocrate en matière de langues officielles. Dans le milieu des transports aériens en général, on constate un recul systémique du bilinguisme. »

Hier, La Presse révélait que le pourcentage d'employés bilingues a fondu dans les points de fouille de presque tous les grands aéroports du pays depuis 2010, incluant à Montréal. La proportion a glissé de 8 % à 6 % à Toronto, de 13 % à 11 % à Vancouver et de 99 % à 94 % dans la métropole québécoise.

LA MOTION

Dans sa motion qui sera déposée aujourd'hui au Comité permanent des langues officielles, le NPD demandera que la question du bilinguisme dans le monde des transports soit scrutée à la loupe par le Parlement. La motion devrait aussi être abordée à la Chambre des communes plus tard cette semaine, a indiqué François Choquette.

« On a besoin de réinvestir de façon massive dans les langues officielles, a avancé le député de Drummond. Le gouvernement [libéral] a fait quelques mesures, mais c'est très timide. »

La requête du NPD coïncidera avec le dépôt d'un rapport par le Commissariat aux langues officielles ce matin, à 10 h. L'organisme fédéral déplore depuis des années des « plaintes récurrentes » au sujet de l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA), dont les 6000 employés sont responsables des contrôles de sécurité dans les aéroports. Le Commissaire formulera aussi une série de recommandations.

RÉACTIONS NOMBREUSES

Martine Ouellet, la nouvelle chef du Bloc québécois, a profité de son premier point de presse à Ottawa pour décocher quelques flèches au gouvernement libéral dans ce dossier.

« On voit que, dans le Canada, le français ne semble pas très important, a-t-elle déploré. Que ce soit dans les aéroports ou dans les autres secteurs, il n'y a pas de défense du français. Et c'est pour ça qu'au Québec, c'est important qu'on devienne un pays. »

Le député conservateur Gérard Deltell a pour sa part appelé les francophones à faire valoir davantage leurs droits. « Il faut toujours être vigilant concernant ces enjeux-là, a-t-il dit à La Presse. Le bilinguisme ne doit jamais régresser au Canada. Il nous appartient à nous, francophones, de nous exprimer en français là où le service est disponible, parce que moins on le fait, moins on justifie le besoin. »

Éric Bouchard, directeur général du Mouvement Québec français, estime de son côté que les révélations de La Presse démontrent que « le bilinguisme institutionnel canadien est de plus en plus un leurre ».

« La Canada fonctionne en anglais au Canada et en bilingue au Québec », a-t-il lancé.