Le premier ministre du Manitoba, Brian Pallister, a indiqué mardi qu'il parlerait avec ses homologues des autres provinces la semaine prochaine pour discuter de la hausse du nombre de demandeurs du statut de réfugié qui traversent illégalement la frontière canado-américaine.

Ces entretiens visent à coordonner les approches des gouvernements provinciaux et le niveau fédéral quant à la façon de faire face à cet afflux. M. Pallister a insisté sur la nécessité d'agir, mardi, arguant que tout semble indiquer, du côté sud de la frontière, que cette tendance n'est pas près de ralentir.

«Avec l'approche des États-Unis et en regard de l'approche de la nouvelle administration américaine sur les questions touchant les réfugiés -et l'immigration de façon plus générale-, les conditions sont là pour faire en sorte, possiblement, que la plupart des gens concluent que ce sera un défi continu», a-t-il dit.

Le premier ministre manitobain a affirmé avoir fait parvenir une lettre à Ottawa détaillant des «enjeux spécifiques» sur lesquels le fédéral devrait selon lui se pencher «de façon coopérative».

«J'ai un appel prévu plus tard cette semaine avec d'autres premiers ministres pour discuter de la question et coordonner nos approches en ce qui concerne la direction que nous voulons prendre», a-t-il lancé.

Le bureau de M. Pallister a précisé par la suite qu'il aurait plusieurs entretiens téléphoniques individuels plutôt qu'un seul appel-conférence.

Hausse des migrants

Le nombre de migrants qui fuient les États-Unis a connu une importante hausse ces dernières semaines. Cet afflux survient alors que le président américain entend adopter la ligne dure en matière d'immigration et d'accueil de réfugiés.

La communauté frontalière d'Emerson est l'une des régions du Manitoba par où passent un nombre grandissant de migrants cherchant refuge. Au Québec, des dizaines de personnes ont été arrêtées au cours des dernières semaines, près de Hemmingford, après avoir franchi illégalement la frontière.

Passer par des points d'entrée informels est une façon de contourner l'Entente entre le Canada et les États-Unis sur les tiers pays sûrs. En vertu de cet accord, toute personne ayant déjà présenté une demande d'asile aux États-Unis ne peut présenter une autre demande au Canada si elle passe par les postes frontaliers officiels.

Plusieurs avocats spécialisés en immigration et des politiciens souhaitent que l'accord soit abrogé afin que les migrants puissent se présenter à ces points d'entrée officiels et tout de même effectuer une demande d'asile.

Le préfet d'Emerson, Greg Janzen, croit qu'une modification à ce chapitre permettrait de réduire les risques liés à l'arrivée d'individus à des points d'entrée informels par temps froid.

«Laissons-les marcher jusqu'aux portes d'entrée. Est-ce que cela attirerait plus de personnes? Oui, mais au moins, ce serait (fait) d'une façon plus organisée», a-t-il fait valoir.

Le premier ministre Pallister n'a pas pris d'engagement en ce sens, se disant partagé entre les arguments pour et contre. Il n'a par ailleurs pas voulu préciser, mardi, quelles sont ses demandes au gouvernement fédéral, s'en tenant à dire que tous les détails se trouvent dans la lettre qu'il a envoyée à Justin Trudeau.

«Je crois que nous devons (d'abord) avoir un dialogue et nous devrions oeuvrer pour faire cela en coopération avec le gouvernement fédéral», a-t-il simplement indiqué.

Photo John Woods, La Presse canadienne

Le premier ministre manitobain Brian Pallister a laissé savoir que l'afflux des demandeurs d'asile en provenance des États-Unis n'est pas près de ralentir.