Le premier ministre Justin Trudeau a reconnu ce matin à l'Université Bishop qu'il aurait dû répondre « en partie en anglais, en partie en français » aux questions qui lui étaient posées hier soir en anglais à Sherbrooke, lors d'une assemblée publique. « Après réflexion, ça aurait été une bonne chose à faire », a-t-il concédé en point de presse au terme d'un bain de foule de près d'une heure dans le Tim Hortons de l'université anglophone.

« Je comprends à quel point c'est important dans ces assemblées de pouvoir répondre aux préoccupations des Canadiens. [...] Je suis très conscient qu'au Québec, la langue de Molière prend le dessus. De toujours respecter la réalité et les difficultés auxquelles font face les communautés linguistiques en situation minoritaire. Je suis toujours très sensible à ça. J'ai eu comme principe que j'allais faire l'assemblée en français. Et les prochaines fois, je vais m'assurer d'amener plus de bilinguisme », a-t-il déclaré.

Lors de l'assemblée publique, plusieurs citoyens ont posé des questions en anglais à M. Trudeau, qui a toujours répondu en français. Il a affirmé pendant la soirée qu'il voulait parler français parce qu'il se trouvait au Québec.

Sa décision a été très critiquée sur les réseaux sociaux, le lendemain, notamment parce qu'une femme qui l'a questionné sur les services en anglais n'aurait pas compris sa réponse.

Le premier ministre a néanmoins rappelé avoir également répondu en anglais aux questions qui lui étaient posées en français en Ontario au début de sa tournée pancanadienne aux allures de campagne électorale. Hier soir à Sherbrooke, six citoyens ont questionné le premier ministre en anglais, notamment au sujet de l'accès aux soins de santé.

Justin Trudeau s'est gardé de commenter l'arrivée aujourd'hui dans la course à la direction du Parti conservateur de l'homme d'affaires unilingue anglophone Kevin O'Leary. « Les partis d'oppositions sont en train de faire leur course à la chefferie. Ils se concentrent sur leurs affaires internes, moi je me concentre sur les Canadiens. Je suis en train de traverser le pays pour écouter les préoccupations des gens à travers le pays », a-t-il déclaré.

Ce matin, le premier ministre a rencontré le maire de Lac-Mégantic Jean-Guy Cloutier pour discuter de la voie ferrée de contournement, un enjeu majeur dans la région. Deux citoyens avaient d'ailleurs pressé le premier ministre sur cette question hier soir durant l'assemblée publique. « On est optimiste que ça [va] dans la bonne direction. On va avoir des choses à annoncer dans les mois à venir », a affirmé Justin Trudeau, sans donner plus de détails.

Le premier ministre canadien dit s'entendre « extrêmement bien avec le premier ministre Couillard et son équipe », malgré l'achoppement des négociations sur les transferts en santé. « On n'est pas tout à fait alignés, mais c'est comme ça que ça fonctionne une fédération en santé. J'ai entendu très clairement les Québécois », a-t-il déclaré en point de presse.

À la suite de la conférence de presse, Justin Trudeau a fait des bains de foule dans trois autres villes du Québec : Granby, Candiac et L'Île-Perrot, près de Montréal. En fin de matinée, l'institution de Granby, la Cantine chez Ben on s'Bour la bédaine, était d'ailleurs remplie à craquer à l'arrivée de Justin Trudeau. Au moins deux cents personnes s'entassaient à l'intérieur du restaurant avant même l'arrivée du premier ministre. À l'extérieur, une centaine de citoyens se sont agglutinés autour du premier ministre dès qu'il a mis les pieds dans le stationnement.

- Avec La Presse canadienne