Le député Maxime Bernier, qui ne cache plus qu'il songe sérieusement à briguer la direction du Parti conservateur du Canada, propose de revoir la formule de péréquation au Canada.

« La formule [de péréquation] n'est pas toujours juste. Les ressources naturelles ne sont pas considérées de la même façon [dans la formule] [...] C'est un débat que je veux avoir si je me présente », a dit Maxime Bernier hier à la conférence du Centre Manning, la plus importante conférence de la droite canadienne. Les revenus tirés du pétrole sont exclus à 50 % de la formule de la péréquation depuis 2007, mais certaines provinces de l'ouest du pays comme la Saskatchewan veulent d'autres changements à la formule. 

« La formule doit être révisée. Quelle est la formule idéale ? Je n'ai pas la réponse », dit Maxime Bernier, qui estime que la péréquation est « importante » et constitue un « principe noble ». « C'est une façon pour les Canadiens d'avoir les mêmes services à Victoria ou à Québec », dit-il.

Le député de Beauce n'est pas officiellement candidat à la succession de Stephen Harper - les conservateurs choisiront leur nouveau chef en mai 2017 -, mais c'est tout comme. Avant son discours, de jeunes conservateurs portaient un chandail avec sa photo et faisaient la publicité du site web « J'appuie Maxime » qu'ils ont lancé. 

S'il n'a pas déclaré officiellement sa candidature (la course n'est pas commencée), Maxime Bernier ne cache plus son intérêt, d'autant plus qu'il donne des conférences à travers le pays. 

« J'attends juste les règles. Dès que les règles seront rendues publiques, je vais certainement prendre position rapidement. Je prends tous les moyens pour dire oui. »

- Maxime Bernier

Un enjeu central de sa future plateforme : mettre fin aux subventions fédérales aux entreprises et réduire ainsi les taux d'imposition de toutes les entreprises. À ce sujet, Maxime Bernier décoche une flèche au gouvernement Harper, dont il faisait partie de 2006 à 2008 puis de 2011 à 2015. « Pourtant, au cours des dix dernières années où nous étions au pouvoir, notre gouvernement a contribué à fournir des milliards de dollars en soutien aux entreprises. Pourquoi ? Avions-nous peur ? [...] Nous ne devrions pas avoir peur de dire les vérités qui doivent être dites. »

Maxime Bernier est opposé à une aide fédérale à Bombardier. Comme il était opposé à une aide fédérale à GM en 2009, soutient-il. 

« Il faut être juste envers toutes les entreprises. Est-ce juste pour un entrepreneur de Saint-Georges en Beauce de payer plus d'impôts pour donner de l'argent à des milliardaires ? »

- Maxime Bernier

Mettrait-il aussi fin au système de la gestion de l'offre en agriculture ? « Je suis contre les subventions. Il faut regarder les autres systèmes de subventions, comme le système de gestion de l'offre », dit-il.

Seul député du Québec invité aux ateliers de la conférence du Centre Manning avec les autres candidats pressentis à la direction du Parti conservateur, Maxime Bernier croit que le prochain chef du parti doit être bilingue. Il a critiqué l'attitude de l'homme d'affaires Kevin O'Leary, qui songe aussi à se présenter, mais qui est unilingue anglophone. 

« Il a dit qu'il a toujours été amusé par les politiciens qui suivent des cours de français et essaient de parler français à Québec quand tout le monde leur répond en anglais, dit M. Bernier. Eh bien, Kevin, quand vous allez au restaurant et dans les lieux touristiques à Québec, il est presque certain que les gens vous répondront en anglais. Comme ils le feraient à Amsterdam, Vienne ou Rome. Ils veulent votre argent ! Cela ne signifie pas que vous pouvez gouverner l'Italie sans parler italien. »

TONY CLEMENT VEUT RÉDUIRE LE FINANCEMENT DE RADIO-CANADA

Tony Clement, qui envisage lui aussi de briguer la direction du Parti conservateur du Canada, avait une autre proposition pour les militants conservateurs : réduire le financement de Radio-Canada. « En cette ère Netflix, pouvons-nous nous entendre pour dire qu'un milliard de dollars à un diffuseur, c'est une politique publique dépassée qui doit être remplacée ? », a-t-il dit lors de son discours.

En point de presse, il n'a pas voulu dire combien CBC/Radio-Canada devrait recevoir par an en financement du gouvernement fédéral (la société d'État a reçu 1,036 milliard en 2014-2015, soit 63 % de son budget). « Vous pouvez envisager d'autres options, le modèle de PBS, dit-il. Donner 1,1 milliard par année n'est pas la bonne solution. C'est un modèle brisé. » Tony Clement en a contre le financement de Radio-Canada à la télé et sur l'internet, mais il reconnaît que la radio de CBC/Radio-Canada mérite d'être subventionnée. « Je sais très bien que la radio de CBC est souvent la seule radio dans plusieurs régions du pays », dit-il.

Ancien ministre et toujours député fédéral, Tony Clement avait terminé troisième lors de la dernière course à la direction du Parti conservateur en 2003, remportée par Stephen Harper. « Les Canadiens vont être prêts à une solution de rechange viable et sensée aux libéraux de Justin Trudeau, mais seulement si nous nous prenons en main », dit Tony Clement, qui veut notamment parler d'environnement et de réduction de la pauvreté. 

« Nous avons perdu du terrain parce que nous n'avions pas essayé d'avoir des politiques en environnement, en réduction de la pauvreté. [...] Il faut appliquer les principes conservateurs à un large spectre d'enjeux, c'est ce qui nous mènera à la victoire [aux élections de 2019]. »

- Tony Clement

Tony Clement a critiqué la gestion de la dernière campagne électorale conservatrice, notamment le contrôle serré exercé par la garde rapprochée de Stephen Harper. « Pour être franc, même le Parti libéral du Canada était meilleur [en matière d'organisation politique] », a-t-il dit.

Au cours de la conférence du Centre Manning qui a duré deux jours à Ottawa, cinq candidats pressentis à la succession de Stephen Harper se sont adressés à l'auditoire dans le cadre d'un atelier sous le thème « Si je me présentais, voici comment je le ferais ». Outre Maxime Bernier et Tony Clement, l'homme d'affaires Kevin O'Leary et les députés Lisa Raitt et Michael Chong ont pris la parole. 

Dans son discours prononcé hier, Lisa Raitt a parlé de ses origines modestes, de la mort de son père alors qu'elle avait 11 ans, de son premier emploi chez Dairy Queen à 14 ans. Et des raisons pour lesquelles le programme économique du gouvernement Trudeau l'inquiétait autant. « C'est un chemin fait de déficits, de dettes, de hausses d'impôts, un chemin où les familles connaissent des difficultés, dit-elle. Je sais où ce chemin mène, car j'ai grandi au bout de ce chemin. »