Des voitures sans conducteur sur les routes du Canada? L'idée fait déjà son petit bonhomme de chemin en Ontario, où depuis le 1er janvier un ambitieux projet-pilote a été lancé afin de tester cette nouvelle technologie. Mais le ministre fédéral des Transports Marc Garneau souhaite qu'un comité parlementaire évalue les avantages et les inconvénients d'avoir des véhicules automatisés sur les routes du pays.

M. Garneau a témoigné mercredi soir devant le comité des transports et des communications du Sénat afin d'expliquer les grandes priorités de son ministère. Au passage, il a invité les membres du comité sénatorial à mener une étude approfondie sur l'utilisation des véhicules automatisés.

Tandis que des géants technologiques tels que Google ont déjà utilisé des voitures sans conducteur sur plus d'un million de kilomètres en Californie et au Texas, l'Ontario est devenue en octobre dernier la première juridiction au Canada à permettre l'essai de tels véhicules sur ses routes. Le projet-pilote a commencé au début de janvier et doit s'échelonner sur 10 ans.

Selon le ministre Marc Garneau, des voitures automatisées pourraient bien être la voie de l'avenir. Le constructeur automobile Toyota a annoncé l'automne dernier qu'il caresse l'ambition de mettre en marché une voiture sans conducteur au Japon d'ici 2020. Et l'Institut des ingénieurs électriciens et électroniciens prédit d'ailleurs que les véhicules autonomes compteront pour 75% de tous les véhicules sur la route d'ici... 2040.

Mais avant d'en arriver-là, M. Garneau estime que le gouvernement a l'obligation d'examiner cette question sous plusieurs angles. D'où sa décision d'inviter le comité du Sénat à mener une étude en bonne et due forme.

«C'est un nouveau domaine qui est en effervescence. Il y a beaucoup de recherche et il y a un besoin de se pencher sur les questions de réglementations, les responsabilités, le respect de la vie privée parce que beaucoup des technologies utilisées ont recours au sans fil et peuvent être interceptées. Je pense que l'expertise du comité du Sénat serait bien mise à contribution pour mon ministère et mon mandat», a affirmé M. Garneau dans une entrevue à La Presse.

«C'est une technologie qui est nouvelle. Nous sommes tous habitués à conduire nos propres voitures. Mais il y a beaucoup de potentiel. On pourrait réduire les accidents automobiles. En 2013, les collisions sur les routes du Canada ont fait plus de 1900 morts et plus de 10 000 blessés graves. Alors, l'avantage d'un véhicule automatisé, c'est que la personne ne s'endort pas au volant, la personne n'est jamais ivre au volant, alors cela peut être plus sécuritaire et réduire les accidents d'automobiles considérablement», a ajouté le ministre.

M. Garneau, qui se dit prêt à faire l'essai d'un véhicule automatisé si l'occasion se présente, croit aussi que cela pourrait réduire l'empreinte environnementale des voitures. «Il y a beaucoup de gens qui conduisent de manière inefficace entre la pédale sur le gaz et la pédale sur le frein. Il y a beaucoup de gaspillage d'essence», a-t-il dit.

En Ontario, où se trouve le coeur de l'industrie automobile au pays, le gouvernement libéral de Kathleen Wynne croit que le projet-pilote qui a commencé le 1er janvier pourrait rapporter des dividendes à long terme pour ce secteur. Son gouvernement a d'ailleurs décider d'investir 500 000 $ de plus dans le programme de recherche sur les véhicules connectés et autonomes, en plus du financement de 2,45 millions de dollars déjà alloué.

Dans la région de Kitchener-Waterloo, une centaine d'entreprises sont déjà à pied d'oeuvre dans le secteur des véhicules automatisés, selon le ministère ontarien des Transports. Le projet-pilote leur permettra donc de mener des activités de recherche et de développement dans la province au lieu de se rendre aux États-Unis par exemple pour effectuer des tests à grande échelle sur les routes.

LE FONCTIONNEMENT

Les véhicules automatisés peuvent détecter l'environnement avoisinant grâce à l'intelligence artificielle, aux capteurs et aux coordonnées fournies par le système de positionnement. Ils peuvent donc circuler sans conducteur. En Ontario, le gouvernement a toutefois accepté de lancer le projet-pilote à condition qu'un conducteur demeure à bord du véhicule afin prendre le contrôle au cas où un pépin surviendrait.

Le gouvernement ontarien a fait valoir que les véhicules connectés et autonomes pouvaient améliorer l'efficacité énergétique tout en réduisant la congestion automobile, les émissions de gaz à effet de serre et les accidents causés par la distraction humaine.