Le Vatican « étudiera sérieusement » la demande de la Commission de vérité et réconciliation afin que le pape François présente des excuses officielles et en personne au nom de l'Église catholique pour les sévices commis par des religieux dans les pensionnats.

« Il s'agit d'une question très sérieuse qui a été enregistrée et écoutée et qui a été transmise au Saint-Père », a assuré à La Presse le nonce apostolique, Mgr Luigi Bonazzi, qui représente l'État du Vatican au Canada.

« On est au stade de la réflexion et de l'étude sérieuse », dit-il, ajoutant qu'il est important pour le chef de l'Église catholique « de comprendre les raisons [spirituelles] profondes de cette demande de la part des autochtones ».

Trudeau demandera des excuses au pape

Hier, le premier ministre Justin Trudeau s'est engagé à exhorter le pape François à présenter des excuses officielles aux Premières Nations et aux Inuits.

Au terme d'une rencontre avec des leaders des peuples autochtones, M. Trudeau a réitéré sa promesse de mettre en oeuvre l'ensemble des 94 recommandations formulées par la Commission de vérité et réconciliation du Canada, dont celle visant à obtenir des excuses officielles du Saint-Père.

« J'ai l'intention de travailler avec l'Église catholique et le Saint-Siège afin d'aller de l'avant avec la mise en oeuvre de cette recommandation, pour lui demander directement de s'impliquer dans ce dossier », a affirmé le premier ministre, entouré d'une poignée de leaders autochtones.

M. Trudeau a fait valoir que le souverain pontife avait déjà présenté des excuses officielles au nom de l'Église catholique aux peuples autochtones du continent de l'Amérique du Sud pour les gestes commis par des membres du clergé, durant un voyage officiel en Bolivie, en juillet.

Il a ajouté qu'il serait naturel que de telles excuses soient aussi présentées aux peuples autochtones du Canada. « J'ai hâte d'avoir une conversation avec Sa Sainteté sur le sujet », a ajouté le premier ministre. Toutefois, il a ajouté qu'il ne pouvait pas obliger le pape à présenter des excuses.

Le nonce apostolique au Canada se dit bien conscient de l'importance qu'accordent les peuples autochtones à la visite du pape François. « Leur aimable insistance [pour qu'il vienne présenter ses excuses] montre l'importance qu'ils accordent à la figure du Saint-Père. On est au début d'un voyage dans lequel tout le monde met sa contribution pour arriver au port qu'on espère. »

L'archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, parle d'une même voix. Il convient que des « drames réels » ont été vécus dans les pensionnats. Il considère la réconciliation comme un « long processus », dont une visite du souverain pontife pourrait être une étape.

Les fautes de l'Église

En 2009, le pape Benoit XVI avait déclaré être « désolé de ce qui s'est passé, personnellement et au nom de l'Église », lors d'une rencontre à Rome avec le chef national de l'Assemblée des Premières Nations de l'époque, Phil Fontaine.

Les autorités catholiques du Canada se sont excusées pour les sévices subis par des enfants dans les pensionnats autochtones, dont certains étaient aussi administrés par les Églises unie, anglicane et presbytérienne.

Financé par le gouvernement, le système a été lancé dans les années 1840 et a disparu avec la fermeture du dernier établissement en 1996.

Le juge Murray Sinclair, qui a présidé la Commission de vérité et réconciliation qui a présenté son rapport final cette semaine, a déjà affirmé que cela n'était pas suffisant. Selon lui, le pape représente « l'autorité morale et spirituelle » de l'Église catholique et les victimes des pensionnats sont déçues qu'il n'ait pas encore présenté ses excuses.

Au terme de six ans de travaux, la Commission a conclu que les pensionnats étaient la pièce maîtresse d'une politique de génocide culturel conçue pour « tuer l'Indien dans l'enfant ».