Le gouvernement Trudeau n'est nullement lié par la décision de l'ancien cabinet de Stephen Harper d'offrir une compensation financière de 4,3 milliards de dollars aux agriculteurs canadiens qui pourraient être touchés par le Partenariat transpacifique (PTP) conclu en octobre alors que la campagne électorale battait son plein au Canada.

La ministre du Commerce international, Chrystia Freeland, a indiqué mercredi, en marge du Forum de coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC), que le plan de compensation adopté par les conservateurs fait l'objet d'un examen par le ministre de l'Agriculture Lawrence MacAulay et le ministre de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique, Navdeep Bains.

Le plan de compensation, qui doit s'échelonner sur les 15 prochaines années, avait été annoncé par l'ancien premier ministre Stephen Harper, après la conclusion de l'entente, dans le but de contrer la perte de revenus des agriculteurs canadiens et la valeur de leurs quotas, notamment pour les producteurs laitiers et l'industrie de la volaille. Le montant de 4,3 milliards de dollars, « une aide substantielle », selon M. Harper, incluait aussi la compensation aux agriculteurs pour l'entente de libre-échange conclue en 2013 entre le Canada et l'Union européenne, qui n'est pas encore en vigueur.

Durant la campagne électorale, Stephen Harper avait en outre promis une aide additionnelle d'environ un milliard de dollars au secteur automobile pour amoindrir l'impact du PTP sur cette industrie.

Les libéraux de Justin Trudeau se sont prononcés en faveur de l'accord entre le Canada et l'Union européenne, mais ils tiennent à consulter les Canadiens sur le PTP avant de décider s'ils l'entérineront ou pas.

« Nous sommes en train de réévaluer le plan de compensation. Je ne vais pas prendre d'engagement au nom de mes collègues ministres. Mais je peux vous dire que nous reconnaissons l'importance de compensations pour les secteurs qui seront affectés par le TPP. Il serait aussi inapproprié pour nous de nous engager pour quel que plan de compensation que ce soit étant donné que nous allons réexaminer l'entente », a affirmé la ministre Freeland, qui accompagne Justin Trudeau au sommet de l'APEC qui a lieu à Manille.

Le PTP a été conclu en octobre par 12 pays (le Canada, l'Australie, le Brunei, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour, les États-Unis et le Vietnam) au terme de plus de quatre ans de négociations. L'accord, qui doit être entériné par tous les signataires avant d'entrer en vigueur, permettrait de créer la plus grande zone de libre-échange du monde. Les 12 pays, qui sont tous membres de l'APEC, représentent environ 40 % de l'économie mondiale et comptent 800 millions de consommateurs.

En lever de rideau du sommet de l'APEC, mercredi, le président des États-Unis, Barack Obama, a fait un vibrant plaidoyer en faveur de la ratification rapide de cette entente.

«Il s'agit de l'entente la plus progressiste et aux normes les plus élevées jamais conclues. L'accord inclut de solides protections pour les travailleurs, des interdictions concernant le travail des enfants et le travail forcé. Il contient des clauses pour protéger l'environnement, pour contrer le trafic d'animaux sauvages, pour protéger nos océans. (...) Conséquemment, ce n'est pas seulement une bonne entente sur le plan économique, mais cette entente reflète nos valeurs communes », a affirmé le président américain.

« Le TPP comprend de grands et petits pays, des pays développés ou en voie de développement. Aujourd'hui, nous allons discuter de la route à venir pour nous assurer que le TPP est mis en oeuvre dans chacun de nos pays le plus rapidement possible. Évidemment, la mise en oeuvre est cruciale après avoir réussi à négocier le texte de l'entente », a ajouté le président, reconnaissant au passage que certains dirigeants devront surmonter des obstacles politiques avant de ratifier l'entente.

Devant les journalistes canadiens, la ministre Freeland a indiqué que le premier ministre Justin Trudeau a réitéré durant un dîner de travail des dirigeants de l'APEC que le Canada est une nation favorable au commerce, mais que le PTP a été négocié par le précédent gouvernement conservateur et qu'il tient à consulter les Canadiens avant de confirmer son intention de le ratifier au Parlement.

«Nos partenaires comprennent que nous sommes un gouvernement qui croit dans les échanges. Ils comprennent que nous n'avons pas participé comme gouvernement aux négociations qui ont mené PTP. Mais ils savent aussi que nous avons aussi l'intention de consulter les Canadiens sur cette question. Ce message est très bien reçu partout », a pour sa part affirmé le ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion, également au sommet de l'APEC.