Les révélations selon lesquelles les autorités canadiennes ont expulsé vers les États-Unis cinq personnes soupçonnées d'espionnage entre 2004 et 2014 ont provoqué un branle-bas de combat dans les rangs diplomatiques.

En fin de journée hier, le bureau du ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney, a fait savoir que les cinq personnes soupçonnées d'espionnage renvoyées par le Canada vers les États-Unis étaient recherchées pour des activités menées au sud de la frontière.

«Il s'agissait pour le Canada de faire retourner aux États-Unis des gens soupçonnés d'espionnage contre les États-Unis», a affirmé un porte-parole, Jean-Christophe De Le Rue.

Données de l'ASFC

Des données compilées par l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) - et publiées hier dans La Presse et le Toronto Star - démontraient que près du quart des 21 espions expulsés au cours de la dernière décennie par les autorités canadiennes avaient été renvoyés aux États-Unis.

Les documents obtenus en vertu de la Loi sur l'accès à l'information indiquaient que ces personnes s'étaient livrées à «des activités d'espionnage contre le Canada ou qui étaient contraires aux intérêts du Canada».

L'ASFC a alors affirmé «que les actes d'espionnage pour lesquels ces personnes ont été signalées n'avaient pas nécessairement comme cible le Canada; il aurait également pu s'agir des États-Unis ou de tout autre pays démocratique».

Malgré les questions précises de La Presse, l'ASFC avait refusé de donner des détails sur les cas des ressortissants américains.

Pour le compte de quelle organisation ont-ils fait de l'espionnage? Ont-ils espionné les membres du gouvernement ou des entreprises au Canada? Dans quel contexte ont-ils été renvoyés? Les autorités américaines ont-elles été informées? Toutes ces questions sont demeurées sans réponse.

«L'ASFC tient à s'assurer que toutes les personnes interdites de territoire au Canada sont appréhendées et renvoyées du pays. L'ASFC accorde la plus grande priorité aux cas de renvoi portant sur des questions liées à la sécurité nationale, à la criminalité organisée, aux crimes contre l'humanité et à la criminalité», avait-on notamment indiqué.

Un ancien cadre du Service canadien du renseignement de sécurité, Michel Juneau-Katsuya, a indiqué à La Presse la semaine dernière que lorsqu'il était employé du SCRS, dans les années 90, il avait été informé de cas d'espions américains qui avaient été discrètement renvoyés aux États-Unis. «Je sais, à l'époque, qu'on avait attrapé des espions américains. C'étaient des gens du FBI ou de la CIA qui étaient venus faire des opérations ici mais sans le consentement du gouvernement canadien. Il y avait eu trois ou quatre dossiers», a-t-il expliqué.