L'ambassadeur du Canada à Riyad a récemment discuté du cas de Raif Badawi avec un représentant du ministère saoudien des Affaires étrangères, alors que les proches du blogueur condamné à 1000 coups de fouet s'inquiètent de la possibilité qu'il soit à nouveau accusé d'apostasie, un crime passible de la peine de mort par décapitation en Arabie saoudite.

Contrairement à ce qu'affirmait hier le ministère canadien des Affaires étrangères dans un article sur Raif Badawi, l'ambassadeur du Canada en Arabie saoudite n'a pas rencontré le ministre saoudien des Affaires étrangères pour discuter du cas du jeune blogueur emprisonné, mais bien un représentant de son ministère.

La rencontre entre l'ambassadeur et le représentant du ministère des Affaires étrangères de l'Arabie saoudite, a eu lieu «à la fin du mois de février», a indiqué une porte-parole du ministère canadien des Affaires étrangères, Amy Mills.

À la mi-janvier, John Baird, qui était alors ministre canadien des Affaires étrangères, avait rencontré en Suisse le prince saoudien Turki al-Fayçal, à qui il avait rappelé « les préoccupations persistantes du Canada concernant le cas de M. Badawi », avait alors indiqué une source dans son entourage.

Le prince Turki al-Fayçal ne joue toutefois aucun rôle au sein du gouvernement saoudien, mais la même source soulignait qu'il fait partie d'un « important groupe de réflexion ».

Le ministère canadien des Affaires étrangères souligne que l'ambassadeur du Canada pour la liberté de religion, Andrew Bennett, a aussi fait part des préoccupations d'Ottawa à l'ambassadeur saoudien au Canada.

Aucune rencontre n'a toutefois eu lieu, M. Bennet a plutôt «rédigé un gazouillis» et «publié une déclaration» par voie de communiqué, affirme Mme Mills dans un courriel à La Presse.





En janvier, l'ambassadeur canadien à Riyad avait rencontré le président de la Commission des droits de la personne de l'Arabie saoudite.

Précisions sur l'accusation d'apostasie

Amnistie internationale en a appris un peu plus, lundi, sur la possibilité que Raif Badawi soit à nouveau accusé d'apostasie, un crime passible de la peine de mort par décapitation en Arabie saoudite.

Il s'agirait d'une recommandation faite par la Cour suprême à la Cour criminelle de Djeddah, devant laquelle a été renvoyé Raif Badawi.

«Il ne faut pas s'affoler, ce n'est pas une décision, c'est juste une recommandation», a indiqué au téléphone Mireille Elchacar, d'Amnistie internationale, rappelant qu'une première accusation d'apostasie contre Raif Badawi avait déjà été rejetée.

L'organisation ignore toutefois à quand remonte cette recommandation. Il est possible qu'elle ait été faite avant la rencontre entre l'ambassadeur canadien à Riyad et le représentant du ministère saoudien des Affaires étrangères.