Le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, nourrit-il l'ambition de faire le saut sur la scène politique fédérale afin de diriger le Parti conservateur lorsque Stephen Harper décidera de passer le flambeau?

Chose certaine, M. Wall continue de faire rêver bon nombre de militants conservateurs qui songent à l'après-Harper, en raison de son charisme, de ses talents d'orateur et de son sens de la politique. Et les spéculations au sujet de ses ambitions politiques ont pris un nouvel élan il y a quelques mois après qu'il eut décidé de suivre des cours de français afin de perfectionner sa maîtrise de la langue de Molière. Sa biographie est d'ailleurs affichée dans les deux langues officielles sur le site internet du bureau du premier ministre.

Récemment, M. Wall s'est permis de faire quelques déclarations en français à des journalistes anglophones de Regina, après que l'ancienne première ministre du Québec, Pauline Marois, l'eut qualifié de «ratoureux» durant la campagne électorale.

Mme Marois avait alors dit se méfier de M. Wall parce qu'il se comportait comme «un ratoureux qui essaie toujours de me faire trébucher» durant les réunions des premiers ministres au Conseil de la fédération.

«J'essaie seulement de faire trébucher l'opposition officielle ici, le NPD de la Saskatchewan», a-t-il répliqué lorsqu'il a été invité à commenter les propos de Mme Marois.

Le jour des élections au Québec, M. Wall s'est félicité de la victoire du Parti libéral du Québec en écrivant sur son compte Twitter: «À tous mes amis dans le PQ, mes sincères adieux.» Et il a signé son commentaire: «Le Ratoureux».

Malgré les dénégations du principal intéressé, plusieurs au sein du mouvement conservateur souhaitent qu'il ajoute éventuellement son nom à la liste des candidats qui tenteront de briguer la direction du Parti conservateur une fois le règne de Stephen Harper terminé.

Les noms du ministre de l'Industrie James Moore, du ministre de l'Emploi Jason Kenney, du ministre d'État aux Petites entreprises Maxime Bernier et du ministre de la Justice Peter Mackay font partie de la liste des candidats potentiels. Celui de Jim Prentice, ancien ministre dans le gouvernement Harper, y figurait aussi, mais ce dernier lorgnerait maintenant la direction du Parti progressiste-conservateur de l'Alberta en vue de succéder à Alison Redford, qui a remis sa démission comme première ministre le mois dernier.

«Brad Wall serait un candidat très intéressant s'il décidait de faire le saut. Il a du charisme, connaît bien ses dossiers et jouit d'une très bonne réputation au sein du mouvement conservateur au pays. Et il continue de suivre des cours de français, alors...», a affirmé une source conservatrice qui verrait d'un bon oeil son arrivée à Ottawa.

M. Wall s'est imposé comme un acteur important sur la scène nationale quand il a forcé le gouvernement Harper à bloquer la vente de PotashCorp à la société australienne BHP Billiton en novembre 2010. Il a aussi fait les manchettes quand son gouvernement a adopté l'an dernier une résolution réclamant l'abolition du Sénat dans la foulée du scandale des dépenses de certains sénateurs.

Âgé de 48 ans, M. Wall est à la tête de la Saskatchewan depuis novembre 2007. Il a été réélu facilement en 2011 alors que sa formation politique, le Parti saskatchewanais, a récolté 64% des suffrages, du jamais vu dans la province. Son gouvernement a déposé six budgets équilibrés consécutifs et réduit la dette provinciale de 44%. Sa province affiche le plus bas taux de chômage au pays à 4,5%.

En février, M. Wall a livré un discours passionné sur l'importance des ressources naturelles pour l'économie canadienne devant les membres du Manning Centre, une organisation fondée par Preston Manning, ancien chef du Parti réformiste. Les trois autres conférenciers invités par les organisateurs du Manning Centre étaient... James Moore, Jason Kenney et Jim Prentice.

Après son discours, des journalistes lui ont demandé s'il suivait des cours de français afin de se préparer à une éventuelle course à la direction. «Non, car je suis encore en train d'apprendre l'anglais, a-t-il lancé à la blague. J'ai déjà le meilleur emploi au Canada. Je pense que les gens devraient demander à Stephen Harper: "Ne voulez-vous pas être le premier ministre de la Saskatchewan?" Telle est la vraie question», a-t-il ajouté.

QUI EST BRAD WALL?

> Élu pour la première fois député de l'Assemblée législative en 1999.

> Premier ministre depuis 2007.

> Père de trois enfants, Faith, Megan et Cotler.

> Grand fan de football, en particulier des Roughriders de la Saskatchewan.

> Très actif sur Twitter, notamment pour vanter les bons coups de sa province et de ses résidants.