Les conservateurs ont fustigé Justin Trudeau pour avoir établi un lien entre la situation explosive en Ukraine et la défaite de l'équipe de hockey russe aux Jeux olympiques, sur le plateau de l'émission Tout le monde en parle.

«Donc, Justin Trudeau, dont le régime préféré est la "dictature de base" de Chine, trouve que la crise mortelle en Ukraine est sujet à blagues», a écrit sur Twitter le ministre de l'Emploi, Jason Kenney.

Le ministre de l'Industrie, James Moore, a lui aussi fait référence à la plaisanterie de Justin Trudeau sur le même réseau social, la qualifiant de «surréaliste».

De son côté, le Nouveau Parti démocratique (NPD) a mis en ligne une vidéo YouTube dans laquelle on peut visionner l'extrait de l'émission.

***

Le chef du Parti libéral du Canada (PLC) était l'un des invités de Tout le monde en parle. L'émission, qui est enregistrée le jeudi soir, a été diffusée dimanche soir, alors que le rideau venait de tomber sur les Jeux olympiques de Sotchi.

Pendant l'entrevue, un autre invité à l'émission, le professeur Dominique Arel, de l'université d'Ottawa, demande à Justin Trudeau ce qu'il pense de la réaction du gouvernement Harper face au conflit en Ukraine.

Le député de Papineau répond notamment à la blague que la défaite de l'équipe masculine russe, qui s'est inclinée face à la Finlande la semaine dernière, pourrait avoir pour effet d'attiser la colère de la Russie et l'inciter à intervenir dans le conflit.

«C'est très inquiétant - surtout puisque la Russie a perdu au hockey, ils vont être de mauvaise humeur. On craint l'implication russe en Ukraine», a lancé M. Trudeau.

«Juste à cause du hockey?», a alors demandé l'animateur Guy A. Lepage.

«Non», a convenu le politicien en hochant la tête, sourire embarrassé aux lèvres. «C'est d'essayer d'amener une optique un peu légère dans une situation qui est extrêmement sérieuse, extrêmement troublante.»

Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch, qui est maintenant accusé de multiples crimes à l'endroit des manifestants pro-occidentaux qui ont protesté contre son gouvernement pro-russe, aurait trouvé refuge dans la péninsule de la Crimée, sur la mer Noire, une région plus près de Moscou.

Le député libéral Marc Garneau, qui avait affronté Justin Trudeau dans la course à la direction du PLC il y a quelques mois, s'est porté à la défense de son chef.

«Les libéraux de partout au Canada réunis (en congrès biennal) à Montréal le week-end dernier ont adopté avec une écrasante majorité une résolution spéciale d'urgence soutenant la transition pro-démocratique qui semble être en marche dans ce pays», a-t-il écrit sur son site internet.

La résolution exhorte notamment le premier ministre Stephen Harper à empêcher toute entité étrangère à interférer avec la volonté du peuple ukrainien.

«James Moore et Jason Kenney essaient de tirer profit de ceci pour des raisons bassement partisanes», a affirmé le député de Westmount-Ville-Marie.

«Si vous consultez la transcription (de l'entrevue) dans son intégralité, vous verrez que Justin Trudeau a parlé avec beaucoup de sérieux de la situation en Ukraine, et tous ceux qui sont allés sur le plateau de Tout le monde en parle savent de quel type d'émission il s'agit», a ajouté M. Garneau.

Malgré tout, l'ambassadeur de l'Ukraine au Canada a demandé à M. Trudeau de présenter des excuses.

«Il faut faire extrêmement attention lorsque vous parlez de 82 personnes qui ont péri dans des affrontements (...) l'avenir de tous est en danger», a affirmé Vadim Prystaiko à l'émission Power Play, diffusée à l'antenne de CTV.

«Vous êtes assis dans une belle pièce, et vous abordez de tels sujets de façon aussi légère; c'est inapproprié (...) Nous espérons qu'il pourra présenter ses excuses», a ajouté le diplomate ukrainien.

Lorsque les journalistes ont demandé au bureau de Justin Trudeau si ce dernier avait l'intention de s'excuser, ils ont été référés aux commentaires de Marc Garneau.