Rien de précis ne «choque» le lieutenant québécois de Stephen Harper, Denis Lebel, lorsqu'il étudie la proposition péquiste de Charte des valeurs québécoises.

Cette attitude tranche avec celle de son collègue Jason Kenney, qui est allé jusqu'à mettre une photo de lui-même, coiffé d'un foulard devant un temple sikh, afin de protester contre l'initiative de Pauline Marois sur son compte Twitter. Ou encore avec celle de son chef, Stephen Harper, qui a prédit que la Charte ne verrait tout simplement pas le jour compte tenu du caractère minoritaire du gouvernement péquiste.

Depuis le dévoilement du texte proposé par le gouvernement du Québec au début du mois, tous les partis fédéraux (hormis le Bloc québécois) l'ont sévèrement critiqué. Le gouvernement Harper a soutenu qu'il n'hésiterait pas à contester devant les tribunaux toute loi qu'il jugerait inconstitutionnelle.

Mais en entrevue mardi, M. Lebel, interrogé sur les aspects de la Charte proposée par Québec qui le choquaient, a signalé que «rien ne (le) choque là-dedans». Il s'est montré plus prudent qu'il l'avait été quelques jours plus tôt en conférence de presse, en insistant sur le fait qu'Ottawa attendrait qu'un projet de loi soit déposé avant de le renvoyer pour étude au ministère de la Justice.

«Nous allons respecter la compétence de la province, laisser les gens faire leurs choix, et après, on verra, nous, à s'assurer que les droits des Canadiens et Canadiennes soient respectés», a-t-il noté.

Est-ce qu'à ses yeux, l'initiative de Pauline Marois pourrait être inconstitutionnelle? «Ce nest pas moi le juriste. Et est-ce que ce texte-là sera celui sur lequel on votera à l'Assemblée nationale? Personne ne le sait.»

Selon M. Lebel, ses électeurs lui parlent relativement peu du projet de Charte des valeurs, même s'ils l'ont fait un peu plus la semaine dernière qu'auparavant. Il admet que les avis des résidants de son comté, Roberval-Lac-Saint-Jean, sont partagés sur le dossier.

Assurant qu'il n'y avait pas de malaise au sein du caucus conservateur québécois à parler du sujet, il a toutefois signalé l'importance de laisser le dossier entre les mains de Québec.

«Je n'ai aucun problème à en parler, mais je ne peux pas faire abstraction du rôle que j'ai à jouer, surtout étant ministre des Affaires intergouvernementales. Je ne veux absolument pas que ce soit moi qui démarre une chicane inutile et futile.»

Le débat entourant la Charte péquiste continue de faire rage chez les Québécois, un peu plus de la moitié se disant en faveur. Mardi, une quinzaine d'organismes et une soixantaine de personnalités connues, dont l'ex-juge de la Cour suprême Claire L'Heureux-Dubé ont ouvertement appuyé le projet de laïcité.