Fidèle à son habitude depuis quatre ans, le gouvernement Harper entend consacrer l'essentiel de ses efforts à soutenir la croissance de l'économie canadienne et à lutter contre la criminalité durant la session parlementaire qui s'ouvre aujourd'hui. Mais des dossiers chauds comme la mobilisation des peuples autochtones, la réforme controversée de l'assurance-emploi et l'intervention militaire française au Mali, entre autres, pourraient le forcer à déroger de ses priorités.

La mobilisation des peuples autochtones au cours des dernières semaines semble avoir pris le gouvernement Harper de court. Les leaders des Premières Nations, galvanisés par le mouvement Idle No More, comptent maintenir la pression afin qu'Ottawa donne suite à leurs demandes, notamment la mise en oeuvre des traités, la négociation de leurs revendications territoriales et des investissements en matière d'éducation.

En vertu d'un accord conclu la semaine dernière et qui a convaincu la chef d'Attawapiskat, Theresa Spence, de mettre fin à la diète liquide qu'elle suivait depuis la mi-décembre, le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Parti libéral se sont engagés à porter leurs demandes à la Chambre des communes.

«Le dossier autochtone doit être sur la liste de priorités de tout le monde», a affirmé le chef du NPD, Thomas Mulcair.

Rencontre Atleo-Harper

Une deuxième rencontre entre le chef de l'Assemblée des Premières Nations, Shawn Atleo, et le premier ministre Stephen Harper doit avoir lieu au cours des prochaines semaines afin de discuter «des prochaines étapes à franchir».

Au terme d'une première rencontre avec une vingtaine de leaders autochtones, le 11 janvier au bureau du premier ministre, M. Harper a affirmé qu'il est «résolu à maintenir un dialogue permanent» au sujet des enjeux liés aux autochtones et à «franchir des étapes réalisables qui donneront de meilleurs résultats pour les communautés des Premières Nations».

Le gouvernement Harper doit aussi s'attendre à affronter la grogne qui prend de l'ampleur dans certaines régions du pays, en particulier au Québec et dans les provinces atlantiques, au sujet des changements apportés au régime d'assurance-emploi, qui sont entrés en vigueur le 6 janvier. En fin de semaine, plusieurs milliers de Gaspésiens en colère ont défilé dans les rues de Chandler, Sainte-Anne-des-Monts et Gaspé afin de dénoncer les nouvelles règles de l'assurance-emploi. La réforme de l'assurance-emploi crée trois catégories de chômeurs, selon la fréquence de leurs recours passés au programme. Ceux qui ont souvent recours à ce programme sont obligés d'élargir leur recherche d'emploi jusqu'à une heure de route de leur domicile et d'accepter un travail même s'il n'est pas dans leur domaine de spécialité et si le salaire est moindre.

Prochain budget

Le ministre des Finances, Jim Flaherty, planche sur son prochain budget, qu'il devrait présenter à la Chambre des communes en février ou en mars. Ce budget doit permettre de rétablir l'équilibre budgétaire avant les prochaines élections, prévues en octobre 2015. Mais pour y arriver, le ministre Flaherty pourrait devoir annoncer une nouvelle ronde de compressions budgétaires, car la croissance de l'économie canadienne est moins vigoureuse qu'on l'avait prévu il y a quelques mois à peine, ce qui a un impact sur les revenus.

Le rôle de soutien que joue le Canada dans l'intervention militaire française au Mali sera aussi un dossier chaud de la rentrée parlementaire. Jusqu'ici, le gouvernement Harper a accepté de fournir un avion-cargo à la France pour lui permettre de transporter de l'équipement et des troupes au Mali. Malgré ce rôle limité, les partis de l'opposition tiennent à un débat aux Communes sur cette mission.

Le leader du gouvernement à la Chambre, le ministre Peter Van Loan, a indiqué que l'économie demeure la priorité du gouvernement. Mais il reconnaît que d'autres dossiers pourraient s'imposer à l'ordre du jour.

«Nous allons continuer à nous concentrer sur l'économie. Cela veut dire que la pierre angulaire de notre plan économique sera évidemment le budget. Nous avons tenu plus de 200 réunions de consultation à travers le pays au cours des derniers mois», a indiqué le ministre.

«Sur la question du Mali, nous sommes ouverts à une discussion parlementaire. Mais toute discussion doit suivre les paramètres selon lesquels nous n'envisageons pas une mission de combat. En ce qui a trait aux affaires autochtones, il y aura une autre rencontre entre le premier ministre et le chef de l'Assemblée des Premières Nations», a-t-il ajouté.