Le ministre de la Coopération internationale du Canada, Julian Fantino, persiste et signe: l'ACDI doit revoir son approche en Haïti et le gouvernement haïtien doit être tenu responsable pour les progrès «limités» réalisés par le pays depuis le séisme de 2010.

Dans une lettre envoyée à La Presse hier, le ministre Fantino a réitéré sa position exprimée il y a quelques jours: «Notre gouvernement a la responsabilité de maximiser la valeur des dollars des contribuables canadiens, a-t-il écrit. C'est pourquoi le Canada revoit sa stratégie d'engagement à long terme en Haïti, comme il le fait pour tous ses programmes.»

Au terme de l'exercice, a-t-il affirmé, «l'aide du Canada ne sera pas un chèque en blanc».

Le ministre responsable de l'Agence canadienne de développement international (ACDI) a soulevé un tollé vendredi, particulièrement en Haïti, en dénonçant sévèrement le peu de progrès réalisé par le pays en matière de développement, au cours d'une entrevue publiée dans La Presse. M. Fantino a indiqué du même coup que l'attribution de fonds aux nouveaux projets pour le pays avait été suspendue en attendant de déterminer une nouvelle approche.

À son bureau, hier, on n'a pas été en mesure de dire combien de temps prendrait une telle opération. «Nous continuons à faire des progrès dans des domaines de développement à long terme envers lesquels nous nous sommes engagés et sommes prêts à offrir notre soutien à la population haïtienne si une autre crise humanitaire frappait», a précisé M. Fantino, en soulignant que cette aide s'était élevée à environ 1 milliard de dollars entre 2006 et 2012.

«Nous restons toutefois préoccupés par la lenteur du développement en Haïti, principalement dû aux institutions gouvernementales», a-t-il écrit.

Dans une déclaration diffusée vendredi, le ministre responsable de l'ACDI avait dénoncé la corruption présente dans le pays. Dans sa lettre d'hier, il n'est pas allé aussi loin, et a plutôt invité le gouvernement haïtien à faire preuve de plus de responsabilité et de transparence.

Or, selon un cadre de la fonction publique haïtienne, la source de cette corruption pourrait être plus canadienne qu'haïtienne: «Depuis des années et des années, une petite mafia canadienne fait la pluie et le beau temps en Haïti, au nom d'Haïti, avec l'argent du Canada. Ils savent avant nous les financements disponibles et les ficelles à tirer pour dénouer les cordons de la bourse», a-t-il dit à un quotidien de Port-au-Prince sous le couvert de l'anonymat.