Un juge de la Cour supérieure de l'Ontario a posé des questions pointues, jeudi, à l'ex-ministre Helena Guergis, expulsée du cabinet conservateur à la suite d'allégations de conflits d'intérêts et qui réclame 1,3 million pour atteinte à sa réputation.

Les questions du juge portaient sur les arguments voulant que le premier ministre Stephen Harper ait orchestré lui-même ces accusations.

Mme Guergis avait été évincée du cabinet et du caucus conservateur en 2010 après que le premier ministre eut fait état d'allégations de manquements éthiques et possiblement criminels pesant contre elle.

Plusieurs avocats défilent en Cour supérieure de l'Ontario depuis mercredi dans cette poursuite intentée par Mme Guergis contre Stephen Harper, le Parti conservateur et plusieurs de ses membres.

L'ex-ministre a déposé une poursuite contre M. Harper et d'autres conservateurs fédéraux l'an dernier, arguant que les allégations non prouvées avaient entaché sa réputation et sa carrière politique.

L'un des arguments invoqués par la poursuite est que Mme Guergis a été diffamée lorsque le premier ministre a déclaré aux journalistes qu'il avait été mis au courant de certains manquements à l'éthique de sa part et de celle de son mari, l'homme d'affaires et ancien membre du caucus conservateur Rahim Jaffer. Il aurait ensuite fait état d'une lettre transmise à la GRC par son personnel concernant les accusations qui portaient sur l'ex-ministre.

Dans le document déposé en cour par la défense, trois hypothèses sont évoquées. La première est que le détective privé Derrick Snowdy soit allé voir un avocat du Parti conservateur, Arthur Hamilton, pour lui rapporter des comportements de nature criminelle en avril 2010 et qui ont entaché la réputation de la ministre et de son époux.

La deuxième possibilité serait que Derrick Snowdy n'aurait rien fait de tel et que c'est l'avocat du parti qui aurait communiqué ces accusations au premier ministre peu de temps après.

La troisième hypothèse accuse directement Stephen Harper d'avoir tout inventé lors de sa déclaration publique et lorsqu'il a écrit à la GRC.

Le juge Charles Hackland a qualifié ces arguments d'accusations sérieuses contre le premier ministre et son personnel.

La défense tente d'obtenir un non-lieu basé sur le fait que ces allégations devraient être ignorées puisque les gestes de M. Harper sont protégés par l'immunité parlementaire.