Le nouveau vérificateur général, Michael Ferguson, a assuré mardi que ses cours de français vont bon train. Mais il n'est pas en mesure de dire s'il atteindra sa cible de devenir bilingue en un an.

M. Ferguson s'est retrouvé au coeur d'une vive controverse, l'automne dernier, lorsque le premier ministre Stephen Harper l'a désigné pour succéder à Sheila Fraser alors qu'il ne parle pas français. Les partis d'opposition ont tous refusé d'approuver sa nomination.

Au plus fort de la polémique, M. Ferguson a affirmé qu'il se donnait un an pour devenir bilingue. Mais au terme d'un témoignage devant le comité sénatorial des finances, il a légèrement modéré les attentes.

«Ce que j'ai dit, c'est que l'évaluation qui a été faite de moi affirmait qu'il me faudrait un an pour atteindre le niveau requis, a-t-il indiqué lors de son premier point de presse depuis sanomination. Je vais continuer sur cela. Que ça prenne un an ou un peu plus, je ne sais pas exactement combien de temps il faudra.»

«Mais mon but n'est pas d'arrêter une fois que j'aurai atteint le niveau requis pour passer un test, a-t-il ajouté. Mon objectif est de me sentir confortable et de pouvoir soutenir une conversation dans les deux langues.»

Pour l'heure, il a toujours besoin de l'assistance d'un traducteur pour échanger avec des interlocuteurs francophones. Lorsqu'il a été questionné en français par les sénateurs, mardi, il a répondu en anglais.

M. Ferguson dit prendre deux heures de cours de français chaque jour depuis sa nomination. Et il passe ses soirées à compléter les devoirs que lui assigne son professeur.

«Je continue avec les études et j'ai beaucoup de travail à faire, mais la machine est en marche», a-t-il glissé, en français, pendant son point de presse.

Le vérificateur admet que la controverse que sa nomination a déclenchée a été pénible par moments. Mais elle a aussi renforcé sa détermination à se qualifier pour sa fonction.

«Ça a renforcé ma conviction que c'était le bon poste pour moi et que je voulais le décrocher», a-t-il affirmé.

Bien qu'ils se gardent de jeter la pierre à M. Ferguson lui-même, les partis d'opposition maintiennent que le gouvernement aurait dû nommer un candidat bilingue à ce poste névralgique.

«Quand bien même qu'il étudierait six heures par jour, ça ne change pas le fait qu'on aurait dû nommer un candidat bilingue en partant», a résumé le député néo-démocrate Yvon Godin.

Jean-François Fortin, du Bloc québécois, s'attend à ce que M. Ferguson puisse répondre aux questions des élus en français lorsqu'il déposera son prochain rapport, au printemps.

«On peut comprendre que quelqu'un ne sera pas nécessairement bilingue après quelques mois de cours de français, a-t-il indiqué, mais on va voir toute la rigueur qu'il aura mis dans sa volonté d'apprendre.»

Le Parti libéral a envisagé un recours devant les tribunaux, l'automne dernier, pour bloquer la nomination de M. Ferguson. Son chef, Bob Rae, a indiqué mardi qu'il étudiait toujours cette possibilité.