Le chef libéral intérimaire Bob Rae estime qu'il serait bien placé pour regagner le coeur des Québécois qui boudent son parti depuis déjà de nombreuses années.

S'il entretient le doute quant à ses aspirations à diriger de façon permanente le Parti libéral du Canada (PLC), M. Rae est bien plus catégorique quant à sa capacité à amener la formation politique à faire une percée au Québec.

«Je pense que j'ai une bonne chance d'expliquer aux Québécois pourquoi et comment le Parti libéral veut revenir leur parler de la politique», a confié le chef intérimaire en entrevue à La Presse Canadienne.

M. Rae concède que la pente sera raide. «On ne peut pas prendre pour acquis l'appui des Québécois, clairement», a-t-il conclu.

Après avoir fait élire en masse des députés du Bloc québécois pendant près de deux décennies, les électeurs québécois se sont jetés dans les bras du Nouveau Parti démocratique (NPD) aux élections générales du 2 mai. Pas moins de 59 des 75 sièges du Québec aux Communes sont aujourd'hui détenus par des néo-démocrates. Les libéraux québécois ne sont que sept au Parlement.

Selon Bob Rae, les libéraux doivent démontrer de «l'humilité» devant une telle déconfiture. «En même temps, écoutez, la défaite n'est pas permanente. Nous devons regagner la confiance des gens, ça peut se faire», a-t-il assuré.

La visite de M. Rae à la populaire émission de télévision Tout le monde en parle n'est pas passée inaperçue, loin de là. Depuis, il affirme avoir reçu «je ne sais pas combien» de messages d'encouragement.

«Les gens disent, voilà, on vous comprend. Je vois que vous êtes là et on est heureux de revenir» au PLC. «Ça commence à retourner.»

C'est justement une entrevue fort remarquée de Jack Layton à l'émission animée par Guy A. Lepage qui avait fait bondir le NPD dans les sondages lors de la dernière campagne électorale.

De récents sondages ces dernières semaines ont fait état d'une remontée - modeste - du PLC, aux dépens du NPD. De quoi réjouir ceux qui aimeraient bien voir M. Rae rester aux commandes de son parti, de façon permanente.

Pour l'instant, les règles que s'est fixées le PLC empêchent le chef intérimaire de se lancer dans la course au leadership en 2013. Cependant, certains, dont la candidate à la présidence du parti et ancienne ministre Sheila Copps, ont appelé à la levée de cette interdiction.

M. Rae refuse de préciser s'il a l'intention de se lancer dans la course tant que le comité qui sera chargé de se pencher sur le dossier le mois prochain n'aura pas rendu sa décision.

«C'est complètement spéculatif», a noté le chef intérimaire. «Moi je ne compte pas sur ça. J'ai mon job à faire, je veux me concentrer sur le job que j'ai.»

Désormais âgé de 63 ans, il avait tenté sa chance lors de la course à la direction du PLC qu'avait finalement gagnée Stéphane Dion, en 2006.

Le député de Toronto-Centre croit que le parti doit d'abord s'attaquer à son organisation sur le terrain au Québec pour espérer une véritable remontée. La seconde étape sera de définir des politiques qui plaisent au Québécois, mais cela devra émaner d'eux.

«Puis, on va arriver à des politiques plus concrètes, puis on va arriver à une plateforme», a signalé M. Rae, ajoutant qu'ils avaient malgré tout du temps devant eux.

Pour lui, «la porte constitutionnelle n'est jamais fermée», mais il souhaite demeurer réaliste. «Il ne faut pas offrir quelque chose qu'on ne peut pas faire, ou qu'on ne peut pas réaliser.»

D'autre part, il n'exclut pas porter la voix du gouvernement du Québec aux Communes sur certains dossiers, comme celui du projet de loi C-10 sur la justice criminelle. Il avait annoncé mettre de l'avant les amendements que voulait voir adopter le ministre québécois de la Justice, Jean-Marc Fournier, dans le projet de loi décrié par Québec. M. Rae doit d'ailleurs rencontrer le premier ministre Jean Charest au tournant du Nouvel An.

Il cite en exemple son amitié avec les premiers ministres québécois lorsqu'il était lui-même premier ministre ontarien et le fait que sa vie professionnelle l'ait souvent amenée à traiter de dossiers québécois, pour expliquer être en bonne position pour regagner la confiance des gens de la province.

«J'espère que nos moments dans le désert politique au Québec sont en train de finir.»