Un projet de loi fédéral visant à faire disparaître le registre des armes d'épaule sera déposé mardi au Parlement.

Les conservateurs ont offert lundi un avant-goût de la bataille à venir, affirmant qu'ils n'aideront pas les provinces à mettre en place leurs propres registres une fois la base de données fédérale disparue.

Le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, fait partie des trois députés conservateurs qui envisagent visiter une ferme située près d'Ottawa pour discuter du geste prévu depuis longtemps, et qui a toutes les chances de réussir sous un gouvernement conservateur majoritaire.

Les conservateurs affirment que l'enregistrement des armes d'épaule est inutile et coûteux, en plus de représenter un fardeau superflu pour les détenteurs d'armes.

Le gouvernement dit toutefois appuyer le maintien de l'émission de permis de port d'arme et l'enregistrement des armes interdites et à possession restreinte.

Une évaluation interne de la Gendarmerie royale du Canada divulguée en août 2010 a permis d'établir que le registre des armes à feu était un outil pratique pour la police.

L'an dernier, les députés fédéraux ont battu un projet de loi d'initiative parlementaire déposé par un député conservateur pour mettre fin au registre des armes d'épaule. Le premier ministre Stephen Harper avait toutefois immédiatement promis de revenir à la charge contre le registre.

Depuis sa mise en place au cours des années 1990, le registre a suscité la controverse, dépeint par ses détracteurs comme une intrusion inutile dans les vies des fermiers, des chasseurs, des tireurs sportifs et autres propriétaires d'armes responsables, mais aussi qualifié par d'autres d'outil efficace utilisé quotidiennement par la police pour obtenir des informations essentielles.

Aux Communes, lundi, le porte-parole libéral en matière de sécurité publique, Francis Scarpaleggia, a indiqué que même si le gouvernement abandonnait le registre des armes d'épaule, plusieurs provinces étaient prêtes à en assumer la responsabilité.

Le ministre Toews réitère que son gouvernement s'est «constamment opposé à cette mesure inefficace et ressemblant à du gaspillage» qui ne sert à rien pour enlever les armes des mains des criminels.

«Les gouvernements provinciaux sont libres de procéder comme ils le veulent, mais nous ne les aiderons pas pour mettre sur pied un autre registre. Les informations détenues par le programme canadien des armes à feu ne seront pas partagées avec les provinces.»

Le député néodémocrate Jack Harris a trouvé la position de M. Toews «dérangeante».

«C'est plutôt surprenant d'entendre le ministre de la Sécurité publique dire que des informations importantes pouvant protéger les vies des Canadiens ... ne pourront pas être utilisées à cette fin.»

M. Toews a argué que la somme - dépassant le milliard de dollars - dépensée pour le registre aurait été mieux utilisée pour mettre des policiers dans les rues.