Un homme politique à la détermination sans faille, qui «ne se fâchait jamais» et qui cherchait à tout prix à éviter les conflits. Voilà comment, après quatre ans de proche collaboration, le lieutenant politique de Jack Layton au Québec, Thomas Mulcair, décrit son ami et chef, emporté trop vite par un cancer lundi matin.

Mais au-delà de l'homme politique, M. Mulcair se souviendra aussi du bon vivant qui, en tournée au Québec, aimait bien rire, humblement, des déformations que l'on faisait subir à son nom.

«On rigolait, entre nous, a raconté Thomas Mulcair à La Presse. Les gens entendaient son nom à la radio, Jack Layton, et venaient coup sur coup lui dire: "Bonjour, monsieur Klayton." Et, bien sûr, moi, j'étais devenu M. Muclair. Alors on faisait un concours à savoir s'il y aurait plus de Klayton ou de Muclair pendant la soirée. C'était très drôle. Jamais il n'aurait corrigé quelqu'un. Il souriait. Il adorait aller à la rencontre des gens.»

Le chef adjoint du parti et député d'Outremont est sorti de son mutisme, hier, après avoir vécu son deuil entouré de ses proches.

«Jack était sans doute la clé de notre victoire retentissante au Québec, soutient M. Mulcair, encore sous le choc de la mort prématurée du chef du NPD. Mais Jack apportait un message d'espoir fondé sur 50 ans d'action du parti. Je pense que c'est ce message d'espoir que Jack nous demande de continuer dans sa lettre, et c'est ce qu'on va tâcher de faire.»

S'il refuse de dire s'il sera candidat à la direction de son parti, Thomas Mulcair est résolument décidé à poursuivre le travail entrepris par celui qui en était le chef depuis 2003, et qui l'a recruté en 2007 d'abord comme lieutenant au Québec, puis comme candidat à une élection partielle dans Outremont, en septembre de la même année.

Nation québécoise

«Il faut donner un contenu réel à la reconnaissance du Québec comme nation, dit M. Mulcair. C'est l'une des choses sur lesquelles Jack et moi avons le plus insisté lors de la dernière campagne électorale, et vous allez voir que ça va être une de nos priorités de l'automne.»

L'héritage de Jack Layton, c'est aussi la conviction «que le Québec peut être inclus dans le Canada sans les bouleversements qu'on a vus par le passé», conclut M. Mulcair. Selon lui, dès son arrivée à la tête du NPD, Jack Layton avait fait du Québec une priorité, même si les appuis à son parti y étaient alors faméliques. Le 2 mai 2011, plus de 1,6 million de Québécois ont voté pour le NPD.