Forts de leurs résultats électoraux historiques du 2 mai, les néo-démocrates fédéraux sont réunis en congrès cette fin de semaine pour célébrer leurs succès et pour se tourner vers l'avenir, afin de poursuivre sur leur lancée.

Et le parti compte par le fait même reconnaître la nouvelle réalité des troupes de Jack Layton, aujourd'hui représentées aux deux tiers par des Québécois aux Communes.

Depuis sa promotion au rang d'opposition officielle, le Nouveau Parti démocratique (NPD) a été surveillé de près dans la Belle Province, où les néo-démocrates ont carrément remplacé le Bloc québécois - un parti qui se définissait par sa défense des intérêts du Québec -, en raflant 59 des 75 comtés de la province. Les bloquistes, eux, ont conservé quatre des 47 sièges qu'ils détenaient avant le scrutin printanier.

En gage de l'effort que veut mener le NPD pour défendre les Québécois, le parti s'attaquera dès l'automne à une série de propositions regroupées sous une «Loi pour donner une reconnaissance concrète au Québec», a promis le lieutenant québécois du parti, Thomas Mulcair.

Mais si les Québécois représentent désormais la forte majorité du caucus néo-démocrate, seules quatre des 70 résolutions qui seront discutées au cours du congrès de Vancouver cette fin de semaine ont été soumises par des associations du Québec. Thomas Mulcair refuse cependant de s'en dire déçu.

Qu'à cela ne tienne, les députés et délégués sont sur place pour faire valoir leur point de vue et se prononcer, un rôle «beaucoup plus important», a tranché le député d'Outremont, qui était encore jusqu'au 2 mai le seul élu du NPD au Québec.

Quant aux principes chers aux Québécois du parti, ceux-ci ont déjà été défendus et adoptés dans la passé, a-t-il fait valoir.

Et ces positions seront donc présentées cet automne aux parlementaires, sous la forme d'une demi-douzaine de projets de loi.

Poids politique du Québec à la Chambre, droits linguistiques dans les institutions fédérales, commissions provinciales des valeurs mobilières, ce sont-là des sujets sur lesquels seul le NPD peut défendre les intérêts du Québec, selon Thomas Mulcair.

«L'offre politique qu'on a mise sur la table aux dernières élections contenait ces idées clés, le noyau de ça connectait avec les Québécois. Et au cours des quatre prochaines années (...) on va bâtir une offre politique réaliste, progressiste certes, axée sur le développement durable, mais très respectueuse du Québec, chose que les autres partis pancanadiens ne peuvent jamais faire», a-t-il défendu.

Autre témoignage du nouveau paysage démographique du NPD, le congrès de Vancouver fera une place importante au «cas Québec», au fil des célébrations de l'histoire du parti ainsi que dans son bilan de la dernière campagne électorale. Car c'est dans la Belle Province que les néo-démocrates ont réussi leur plus importante percée, et c'est un exemple qu'ils veulent transposer à l'échelle nationale dans l'avenir.

«On célèbre notre 50e anniversaire, et après 50 ans on parle d'un nouveau dynamisme», a confirmé le président du caucus québécois, Guy Caron.

Au moment où le parti célèbre sa demie-décennie d'existence, le chef Jack Layton a promis à ses troupes qu'il proposerait aux Canadiens une vraie alternative au gouvernement conservateur de Stephen Harper, dans quatre ans.

«Les délégués présents à notre congrès de fondation il y a 50 ans n'ont pas créé le NPD pour être un parti d'opposition. Les délégués ont créé le NPD pour être un parti au gouvernement! Et c'est exactement à quoi sert ce congrès, ici à Vancouver», a lancé le leader aux quelque 1500 délégués réunis avec les députés du parti.

Pour ce faire, le NPD s'opposera aux conservateurs, mais oeuvrera aussi à proposer un nouveau choix aux Canadiens, le parti souhaitant définitivement déloger les libéraux fédéraux, qui ont été relégués au troisième rang à l'issue des dernières élections.

L'une des résolutions qui seront débattues dimanche exige notamment le rejet de toute fusion avec le Parti libéral. Le NPD souhaite en revanche tendre la main aux libéraux qui voudraient rejoindre leurs rangs.

Et les membres discuteront en outre d'une résolution visant à moderniser la constitution du parti, en en excluant le mot «socialisme».

La motion propose de remplacer le préambule, qui parle d'application «des principes socialistes démocratiques (...) au gouvernement et à l'administration des affaires publiques», pour évoquer plutôt la «mise en oeuvre de principes socio-démocrates au gouvernement».

L'entourage du chef du NPD nie toutefois que cela s'inscrive dans un effort de se distancier de l'héritage idéologique du NPD afin de se réaligner au centre de l'échiquier politique, pour ainsi continuer de ratisser dans les rangs des libéraux.

En marge du congrès, l'ancien chef néo-démocrate Ed Broadbent a annoncé la création d'un institut à son nom, indépendant du parti, qui visera à défendre les principes socio-démocrates au pays ainsi qu'à rejoindre davantage de citoyens qui partagent ces idées et à en développer de nouvelles. Signe que les néo-démocrates ont bel et bien l'intérêt de confirmer leur nouvelle place sur l'échiquier politique et de la conserver.