L'ancien premier ministre Brian Mulroney a prononcé un discours, vendredi à Washington, pour rendre hommage à la mémoire de Ronald Reagan et en a profité pour appuyer les projets politiques de Stephen Harper.

«Je suis en faveur de ce que le premier ministre Harper tente de faire», a-t-il affirmé, abordant la question de la nouvelle entente nord-américaine qui pourrait paver la voie à l'établissement d'un périmètre de sécurité autour du Canada et des États-Unis dans les années à venir.

«Je crois que si ce projet est couronné de succès, il s'agira d'un accomplissement très important. Ça pourrait le placer dans une situation politique très avantageuse. Dans ce dossier, j'aime mieux être avec lui que contre lui.»

Il a aussi affirmé que le gouvernement Harper méritait d'être félicité pour ses liens avec les États-Unis.

«Ce que j'entends à Washington et ailleurs, c'est que le premier ministre Harper a une relation excellente avec le président Obama», a-t-il dit, ajoutant que le ministre des Affaires étrangères Lawrence Cannon et la secrétaire d'État Hillary Clinton s'entendaient aussi très bien.

Il s'agit là d'un élément capital pour Ottawa, a-t-il estimé.

«C'est la relation la plus importante, la plus haute responsabilité que le premier ministre a à son programme. C'est ce qu'est la relation canado-américaine.»

Brian Mulroney, âgé de 71 ans, a fait ces commentaires après avoir prononcé un discours d'hommage à Ronald Reagan, dans le cadre d'une conférence célébrant ce qui aurait été le centième anniversaire de naissance de l'ancien président des États-Unis.

Les deux dirigeants entretenaient une relation d'amitié, que le public a notamment pu découvrir lors de leur interprétation conjointe de la chanson «When Irish Eyes are Smiling», à l'occasion d'un sommet bilatéral à Québec, en 1985.

Cet événement avait été vivement critiqué par les médias canadiens, plusieurs commentateurs y voyant une soumission honteuse de leur pays aux États-Unis, étant donné que Brian Mulroney tentait de souder des liens plus forts avec ses voisins du sud. Un historien a décrit l'épisode comme le moment le plus méprisant de l'histoire des relations canado-américaines.

M. Mulroney a affirmé que celui qui fut son vis-à-vis américain était un dirigeant qui avait changé son pays, un homme bon et un excellent ami.

L'ancien premier ministre conservateur a inséré plusieurs blagues dans son discours.

Brian Mulroney a notamment relaté qu'une des rares périodes pendant laquelle Ronald Reagan lui avait semblé abattu était lorsque son taux de satisfaction était tombé à 59 pour cent en raison du scandale de l'Irangate. Le premier ministre canadien lui avait alors fait remarquer que sa cote de popularité était plus élevée que la sienne, celle de la première ministre britannique Margaret Thatcher et celle du chancelier ouest-allemand Helmut Kohl réunies.

Il s'est aussi remémoré l'incapacité de M. Reagan à désigner un seul politicien américain qu'il n'aimait pas.

Brian Mulroney a qualifié cette réaction d'étonnante aux yeux d'un premier ministre canadien qui, de son propre aveu, «avait plus d'ennemis que d'amis et qui pouvait se rappeler de chaque insulte et reproche de tout adversaire depuis son quatorzième anniversaire».