Le secrétaire d'État américain à la Défense, Robert Gates, exhorte le Canada à continuer de participer au projet de développement des avions furtifs F-35, mettant ainsi son grain de sel dans un dossier qui sera l'un des principaux enjeux de la prochaine campagne électorale.

Le gouvernement Harper compte acheter 65 avions F-35 à un coût de 9 milliards. Ces avions doivent remplacer la flotte vieillissante des CF-18 à partir de 2016.

S'il remporte les prochaines élections, le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a promis de «suspendre» le contrat d'achat de ces avions, octroyé par le gouvernement Harper en juillet dernier, afin d'évaluer les besoins des Forces armées canadiennes en ces temps de restrictions budgétaires.

Ce contrat soulève la controverse depuis quelques mois parce qu'il a été accordé sans appel d'offres à une société américaine, Lockheed Martin, et parce qu'il ne contient aucune clause obligeant l'entreprise à investir l'équivalent de la valeur du contrat en retombées économiques au pays.

De passage à Ottawa, hier, afin de rencontrer son homologue canadien Peter MacKay, M. Gates a affirmé que le F-35 est le meilleur avion disponible sur le marché pour les États-Unis et leurs alliés.

«Nous avons plusieurs partenaires internationaux qui participent à ce projet. Nous avons l'intention d'acheter 2300 de ces avions. (...) Sans m'immiscer dans les affaires internes du Canada, j'espère que tous nos partenaires continuent à travailler avec nous pour mener à bien ce projet. Cela est très important», a affirmé M. Gates.

Assis à ses côtés, le ministre MacKay a tenu à rappeler que c'est l'ancien gouvernement libéral de Jean Chrétien qui a décidé en 1997 de participer à ce projet auquel sont associés une dizaine de pays, dont le Canada. «Nous avons besoin de ces avions», a dit le ministre.

Il a aussi fait valoir que l'annulation de ce contrat pourrait mettre en danger les soldats des Forces canadiennes compte tenu de l'état des CF-18. Enfin, il a accusé les libéraux de Michael Ignatieff de «jouer des jeux politiques» avec ce contrat.

Le gouvernement Harper soutient que les entreprises canadiennes pourront non seulement décrocher des contrats pour la construction des 65 avions que compte acheter le Canada, mais aussi pour au moins 3000 autres avions qui seront construits dans le cadre de ce projet sans précédent. On évalue que les retombées pour l'industrie aérospatiale pourraient atteindre au moins 12 milliards.

En outre, les entreprises canadiennes pourront soumissionner le contrat d'entretien des F-35 achetés par le Canada, évalué à 7 milliards.

Mais le chef du NPD, Jack Layton, a pour sa part affirmé que le gouvernement Harper doit obtenir un mandat clair des Canadiens avant de procéder avec ce contrat.

«Les Canadiens n'ont pas été consultés sur l'achat de F-35. Il n'y a même pas eu de débat au Parlement à ce sujet. Nous devrions avoir un examen complet des besoins de la Défense nationale et déterminer nos priorités (en matière d'affaires étrangères) avant d'acheter ces avions», a dit M. Layton.