Refusant de tourner la page sur les violentes manifestations survenues à Toronto lors du G20, les partis d'opposition ont convenu de convoquer une séance spéciale d'un comité parlementaire dans le but d'examiner les dérives de la sécurité du sommet, afin de s'assurer que cela ne se reproduise plus.

Une rare séance estivale qui aurait pour but de préparer une série ultérieure d'audiences du comité sur la sécurité publique et nationale.

Pour ce qui est des témoins pressentis, les partis ratissent large: le ministre de la Sécurité publique Vic Toews, la GRC, le Service canadien du renseignement de sécurité, des représentants du gouvernement de l'Ontario, la police de Toronto et la police provinciale de l'Ontario sont envisagés. Sans oublier les organisations de protection des libertés civiles et ceux qui prétendent avoir été victimes des policiers. Ou des manifestants.

Le néo-démocrate Don Davies, l'un des vice-présidents du comité, a récolté les quatre signatures nécessaires - la sienne et celles de deux députés libéraux et d'un bloquiste - pour que le comité soit convoqué durant l'été, ce qui n'est habituellement pas le cas.

Lors de la réunion, qui aura lieu vendredi ou lundi, les députés devront décider si le comité se penchera bel et bien sur une foule de sujets qui vont des coûts de la sécurité aux violations des droits civils, en passant par les tactiques des policiers et la supposée loi secrète qui devait leur donner plus de pouvoirs pour la durée des sommets du G8 et du G20.

Puisque l'opposition est majoritaire au sein du comité, il est vraisemblable qu'il procédera à cette enquête, à moins que les députés conservateurs refusent de s'y rendre, enlevant ainsi au comité le quorum nécessaire pour siéger.

Pour M. Davies, il s'agit de la façon la plus rapide d'avoir une sorte d'enquête publique sur la sécurité du G8 et du G20.

«Il y a eu des pressions significatives des citoyens canadiens pour la tenue d'une enquête publique. On tenait à donner suite à cette demande des Canadiens», a-t-il expliqué.

Pour lui, il est souhaitable que les témoins soient entendus rapidement, pendant que la mémoire des gens est encore fraîche et que le sujet trotte dans la tête de bon nombre de citoyens.

«On nous a promis qu'avec un milliard $ investi dans la sécurité il n'y aurait pas de violence. Il y en a eu. On nous avait promis que les libertés civiles seraient respectées. Cela n'a pas été le cas», a déclaré M. Davies pour justifier la démarche de l'opposition, ajoutant que le gouvernement doit rendre des comptes à la population.

Les membres du comité devront aussi s'entendre sur la liste des témoins et sur le nombre de rencontres requises pour les entendre. Selon M. Davies, il faudra plusieurs mois pour examiner le tout.

Pour le Bloc québécois, une enquête publique doit aussi avoir lieu de façon parallèle aux activités du comité. Selon la députée Maria Mourani, les deux sont nécessaires. Elle estime que les parlementaires doivent faire leur travail. Selon elle, le comité va cependant ratisser plus large et aller au-delà des questions de violations des droits des citoyens.

Les sommets du G8 et du G20, qui ont eu lieu lors de la dernière fin de semaine de juin, ont attiré des milliers de manifestants dans les rues de Toronto. Quelque 900 personnes ont été arrêtées dans la ville reine.