Des voix haïtiennes s'élèvent pour demander au premier ministre Stephen Harper de prolonger le mandat de Michaëlle Jean à titre de gouverneure générale.

«Si le gouvernement m'écoute, je lui dis de renouveler le mandat de Michaëlle Jean.»

La déclaration n'a rien de diplomatique. Elle vient du maire de Port-au-Prince, Jean-Yves Jason, qui avant de lancer son appel demandait, sourire en coin: «vous croyez que je peux m'immiscer dans les affaires internes du Canada?»

C'est que depuis quelques jours, les articles sur les éventuels remplaçants de Mme Jean à son poste se multiplient. Elle quitterait Rideau Hall cet été, cinq ans après son assermentation de septembre 2005.

Le maire Jason a fait sa requête alors qu'il était de passage à Ottawa, mardi, pour la tenue d'un symposium sur l'avenir d'Haïti.

À ce même événement, la ministre haïtienne du Commerce et de l'Industrie, Josseline Féthière, faisait écho à son compatriote.

«Nous aurions souhaité qu'elle soit renouvelée parce que pour nous autres, Haïtiens, Haïtiennes, avoir Michaëlle Jean comme gouverneure, c'est vraiment un appui de plus», a plaidé Mme Féthière.

Mme Jean qui a ouvert les travaux de ce symposium n'a rien dit de son avenir prochain.

Les Haïtiens venus participer au symposium organisé par l'Université d'Ottawa ont tenu à souligner l'importance de cette alliée.

M. Jason a rappelé que depuis le 12 janvier, date du séisme, la gouverneure a mis la main à la pâte. Elle lui sert de lien, par exemple, avec la Fédération canadienne des municipalités, organisme prêt à aider sa ville à se reconstruire.

«Elle nous a ouvert beaucoup de portes. Elle a été notre porteuse de messages», a-t-il raconté.

Plus diplomate, l'ambassadeur d'Haïti aux Nations unies, Léo Mérorès, se refuse à donner son avis sur le départ prochain de Mme Jean parce que «c'est une décision qui relève strictement de la souveraineté du gouvernement canadien».

Mais lui aussi encense la contribution de Mme Jean depuis le séisme. «Il est évident que son intérêt, son attachement, ça va directement au coeur de tous les Haïtiens.»

Les prédécesseurs de Michaëlle Jean ont souvent servi plus de cinq ans. Adrienne Clarkson est restée à son poste six ans. En 1967, Georges Vanier est mort en fonction alors qu'il en était à sa huitième année.