Inquiet que l'attentat raté du jour de Noël n'ait été qu'un «projet pilote» qui pourrait être suivi d'autres incidents du même genre, Ottawa demande aux aéroports et transporteurs aériens d'accroître leur vigilance.

En point de presse, hier, le ministre de la Sécurité publique, Peter Van Loan, n'a pas voulu dire si c'est l'enquête sur l'attentat contre le vol Amsterdam-Detroit, le 25 décembre, qui a amené son gouvernement à appeler, samedi dernier, à une «vigilance accrue continue» dans le transport aérien.

 

«Nous continuons à collecter l'information avec nos alliés, et la synthèse de ces données nous amène à apporter des changements. Nous avons des raisons de croire que d'autres incidents similaires pourraient se produire», s'est contenté de dire le ministre Van Loan.

«De tels groupes ont tendance à provoquer des événements en série, en séquence, pour avoir le maximum d'effet», a-t-il ajouté, qualifiant l'attentat raté de «possible projet pilote».

L'utilisation de nouvelles méthodes plus difficiles à détecter dans l'attentat contre le vol 253 ainsi que le fait que la menace venait de la péninsule arabique plutôt que de l'Afghanistan ou du Pakistan sont de nouvelles données dans la lutte contre le terrorisme, qui appellent à une plus grande vigilance, a expliqué M. Van Loan.

L'auteur de la tentative, Umar Farouk Abdulmutallab, originaire du Nigeria, se serait entraîné au Yémen. Il a été arrêté après avoir tenté de mettre feu à du matériel explosif qu'il portait sur lui.

En matinée, hier, la chaîne de télévision CTV avait d'abord indiqué qu'un rapport des services de renseignements américains et britanniques signale qu'une vingtaine de terroristes entraînés au Yémen tenteraient d'entrer en Amérique du Nord par le Canada.

Le ministre Van Loan n'a pas voulu commenter cette information, mais il a précisé qu'il n'était «pas d'avis que le Canada est une porte ouverte pour les terroristes».

De passage dans le Bas-Saint-Laurent, le premier ministre Stephen Harper a lui aussi refusé de répondre à des questions sur les menaces à la sécurité nationale. Il s'est borné à dire que son gouvernement prend très au sérieux les menaces terroristes.

«Je l'ai dit à plusieurs reprises, quand les États-Unis sont menacés, le Canada est aussi menacé. Ce qui pourrait affecter les États-Unis aurait automatiquement des effets au Canada», a dit M. Harper.

Depuis plusieurs mois, le Canada surveille de près la situation au Yémen, considéré comme le nouveau repaire de groupes terroristes comme Al-Qaeda.

Les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France y ont fermé leur ambassade au début du mois à la suite de l'attentat, et le Canada a remis à plus tard ses projets d'y ouvrir un bureau commercial et une représentation diplomatique.

«Le Canada est préoccupé par la situation sécuritaire au Yémen et par la menace croissante d'Al-Qaeda dans la péninsule arabique, qui a son siège au Yémen», a souligné hier Catherine Loubier, directrice des communications du ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon.

Le gouvernement britannique prévoit tenir un sommet international sur le Yémen à la fin du mois de janvier, et le ministre Cannon y participera volontiers s'il est invité, a ajouté Mme Loubier.