Réunis dimanche à Québec, les militants de l'aile québécoise du Parti libéral du Canada ont voulu, après une semaine tourmentée, montrer une image de cohésion et d'unité. Denis Coderre a cependant brillé par son absence, alors que le chef, Michael Ignatieff, a annoncé qu'il nommerait d'ici quelques jours un nouveau lieutenant. Mais le successeur du député de Bourassa aura moins de pouvoir entre ses mains, en plus d'être secondé par un organisateur en chef.

L'aile québécoise du Parti libéral du Canada a tout fait pour donner l'impression d'un nouveau départ, dimanche à Québec, où elle tenait son congrès biennal.Première étape pour réparer les pots cassés par la démission du lieutenant du Québec, Denis Coderre, lundi dernier: le chef libéral, Michael Ignatieff, a annoncé qu'il nommera rapidement un nouveau lieutenant québécois.

Cette nomination viendrait toutefois avec un bémol. La personne qui occupera ce poste, vraisemblablement un député, n'aura pas autant de responsabilités que son prédécesseur. Les libéraux veulent ainsi éviter de concentrer trop de pouvoir entre les mains d'une seule personne.

M. Ignatieff a indiqué qu'il nommerait deux personnes: un organisateur en chef pour remplacer Pierre Lajeunesse (un proche de M. Coderre qui a démissionné après lui en signe d'appui) et un représentant du chef au comité exécutif du parti. Dans le passé, sous Denis Coderre et avant lui Céline Hervieux-Payette, entre autres, ces deux responsabilités étaient assumées par le lieutenant.

Pour le poste de représentant du chef national au comité exécutif québécois, la partie semble se jouer entre les députés Pablo Rodriguez et Marc Garneau. Pour le poste d'organisateur, quelques noms circulent, dont celui de l'actuel directeur général du PLC-Québec, Philippe Angers, mais la plupart des militants consultés par La Presse dimanche étaient d'avis que la responsabilité échouerait à la jeune Brigitte Legault, appuyée par un organisateur de Michael Ignatieff au Québec, Pat Fiore.

M. Garneau n'a pas voulu s'avancer, dimanche, quant à la possibilité qu'on le nomme ainsi nouveau représentant du chef auprès des instances québécoises du parti. «Le chef ne m'a pas sondé», a-t-il dit. Il a indiqué que certaines personnes lui avaient fait savoir qu'il pourrait être la bonne personne pour le poste et qu'il serait «honoré» de le faire, si Michael Ignatieff le décide.

Coderre absent

Dans son discours d'environ une demi-heure prononcé ad lib, Michael Ignatieff a exhorté les quelque 1000 militants présents au Centre des congrès de Québec à faire preuve de loyauté et de fidélité envers le Parti libéral. «L'équipe du Québec, c'est vous. Et le chef, c'est moi», a-t-il dit au groupe de députés et candidats réunis derrière lui sur la scène.

Mais «la fidélité et la loyauté, chez nous, c'est pour une institution, pas pour une personnalité, a-t-il ajouté. Chaque fois que nous mettons notre fidélité, notre loyauté dans cette institution, nous gagnons.»

Le nom de Denis Coderre n'a toutefois pas passé ses lèvres avant que son discours soit terminé, lors du point de presse, lorsqu'une journaliste lui a demandé ce qu'il pensait de l'absence de son ancien lieutenant.

«Ce que M. Coderre fait est son affaire, a-t-il tranché. Il a fait un geste en début de semaine qui porte des conséquences. Il subit ces conséquences.»

Nouveau départ?

Le député de Bourassa et quelques-uns de ses proches avaient beau être absents et son nom nulle part dans le discours, on sentait néanmoins sa présence, dimanche, ne serait-ce que dans les discussions de couloir, qui ne manquaient pas d'aborder ce sujet délicat.

Plusieurs n'ont pas caché leur satisfaction de voir les hautes instances du parti débarrassé de M. Coderre. Ce dernier se faisait reprocher notamment d'être trop autoritaire et axé sur lui-même dans l'exercice de ses fonctions.

D'autres se sont réjouis de la tenue de ce congrès qui marque le renouveau du parti au Québec. «Il y a un nouveau président, un nouveau comité exécutif, une nouvelle dynamique, le conseil de direction est changé, il n'y a pas beaucoup d'anciens membres qui sont là... Les gens sont très heureux et je peux dire que c'est un nouveau départ», s'est réjoui Marc Bélanger, un militant de longue date élu diamnche à la commission politique du PLC-Québec.