Le premier ministre canadien Stephen Harper a entamé lundi une tournée de cinq jours dans le Grand Nord, sur fond d'une «opération de souveraineté» militaire dans cette région désertique mais riche en gaz et en pétrole.

M. Harper a quitté Ottawa dans l'après-midi de lundi, a annoncé à l'AFP son cabinet. Il devrait d'abord faire escale à Iqaluit (ex-Frobisher Bay), la capitale du territoire du Nunavut, au sud-ouest de l'île de Baffin, où il présidera une réunion de son cabinet. Cela devrait lui donner l'occasion d'annoncer plusieurs mesures en faveur des habitants du Nord.

Selon un programme rendu public par ses services, il ira ensuite à Pangnirtung, un hameau inuit dans la même île, puis à Yellowknife, la capitale des Territoires du Nord-Ouest, et à Whitehorse, celle du territoire du Yukon.

Par ailleurs, il se rendra en hélicoptère sur la frégate NCSM Toronto et le sous-marin NCSM Cornerbrook, en service dans la région.

Ces deux unités participent à une importante «opération de souveraineté» dans la zone de l'île de Baffin, du 6 au 28 août. Baptisée Nanook 09 (ours polaire en inuit), elle implique tant la marine que l'aviation et les forces terrestres canadiennes, dont les Rangers autochtones.

Il s'agit notamment d'un exercice anti-sous-marin, et d'un autre, civil, impliquant les administrations locales, destiné à tester leur réaction face à une éventuelle panne d'une «infrastructure essentielle».

«C'est la première fois que nous intégrons une composante anti-sous-marin dans cet exercice», qui en est à sa cinquième édition, a dit à l'AFP le lieutenant Jordan Holder, porte-parole de la Marine canadienne.

«Cela est destiné à montrer notre capacité à répondre à des rapports sur des activités non-autorisées au-dessus et en-dessous de la surface» de l'Arctique, a-t-il ajouté.

Il y a une semaine, un avion radar des forces aériennes canadiennes avait été déployé au large des côtes atlantiques du pays afin de surveiller l'activité de deux sous-marins russes qui croisaient dans les eaux internationales.

L'Arctique est censée receler d'importants gisements de gaz et de pétrole, que le réchauffement global pourrait rendre accessibles d'ici quelques années avec la fonte des glaces. Cette région suscite des rivalités feutrées entre les cinq puissances arctiques, la Russie, les États-Unis, le Canada, la Norvège et le Danemark.

Au pouvoir depuis 2006, le parti conservateur de Stephen Harper a fait de la défense de la souveraineté de l'Arctique son principal cheval de bataille.

M. Harper avait notamment annoncé en août dernier, lors de sa précédente tournée dans le Grand-Nord, qu'Ottawa allait légiférer afin d'obliger les navires entrant dans la zone des 200 milles dans les eaux arctiques à se signaler aux autorités canadiennes, une démarche jusque là volontaire.

Cette mesure vise en particulier le Passage du Nord-Ouest, un détroit qui serpente entre des milliers d'îles inhabitées et qui est perçu par certains comme une voie maritime d'avenir entre l'Europe et l'Asie, grâce à la fonte des glaces.

Mais les États-Unis et d'autres pays estiment plutôt qu'il s'agit d'une voie maritime internationale, et donc libre de passage.

Reste que l'immensité du territoire et la faiblesse des moyens incitent ces dernières à coopérer. Les médias canadiens ont ainsi fait état de contacts prometteurs récents avec le Danemark.