Au lendemain de son couronnement comme nouveau chef du Parti libéral du Canada (PLC) par quelque 3000 membres de son parti, Michael Ignatieff a laissé entrevoir les enjeux qui risquent de dominer sa prochaine campagne électorale, qui pourrait survenir dans l'année, le chef n'ayant toujours pas écarté cette possibilité.

Dès le mois de juin, le PLC aura rédigé sa plateforme électorale, qui comptera des engagements précis en faveur d'une «société du savoir», a promis M. Ignatieff, en conférence de presse à Vancouver, dimanche midi. Le chef libéral s'est engagé à s'attaquer entre autres à l'analphabétisme, à l'éducation pour la petite enfance et à la formation des travailleurs. La ressource naturelle du pays se trouve dans les cerveaux des Canadiens, a-t-il martelé, se disant convaincu que l'«emploi de demain commence dans les laboratoires d'aujourd'hui».

Même si plusieurs des dossiers cités relèvent du domaine de l'éducation, et donc des provinces, M. Ignatieff s'est défendu de faire de l'ingérence.

«Un premier ministre est là pour élaborer une vision stratégique pour un pays. (...) Un premier ministre et un gouvernement fédéral ont un travail d'inspiration et un travail de concertation. Parfois, la responsabilité est provinciale, mais d'avoir un plan d'action national, c'est un rôle essentiel d'un gouvernement fédéral», a-t-il affirmé, au terme du congrès du PLC qui s'est déroulé au cours de la fin de semaine.

La plateforme des libéraux pourrait également contenir des mesures spécifiques aux régions du pays, mais s'assurera néanmoins de faire preuve de cohérence à l'échelle nationale.

Dans l'immédiat, le chef de l'opposition réitère la nécessité d'apporter des réformes au régime d'assurance-emploi, pour venir en aide aux travailleurs canadiens touchés par la crise qui ont un urgent besoin de l'aide du gouvernement. M. Ignatieff veut proposer ce printemps, à la Chambre des communes, de réduire temporairement le nombre d'heures nécessaires pour être admissible au programme à 360 heures, pour ensuite rehausser le standard une fois la crise économique passée.

Outre la réforme du régime d'assurance-emploi, les libéraux demanderont au gouvernement Harper, au cours des prochains mois, de rendre des comptes quant aux mesures présentées dans le dernier budget.

«Si le Parlement dure et qu'on revient (à la Chambre des communes) au mois de septembre, on aura eu le temps de voir s'il y a eu l'effet désiré, et si la réponse est non, je serai tout à fait prêt à proposer d'autres mesures supplémentaires. Mais il faut attendre un certain temps pour que les mesures que nous avons votées soient travaillées (sic)», a indiqué M. Ignatieff.

Le chef libéral a du reste laissé planer le spectre d'un déclenchement d'élections fédérales. Même si la population a envoyé un message clair aux élus, selon M. Ignatieff, en leur demandant de travailler ensemble, si le gouvernement conservateur ne veut pas coopérer avec son parti, les libéraux laisseront le peuple décider, a-t-il répété.

«C'est le fédéralisme des surprises continuelles, de l'improvisation sans arrêt, de diviser pour régner. Un jour, on est gentil avec le Québec, le lendemain, avec l'Ontario, le surlendemain, vous jouez les uns contre les autres. Et vous continuez à le faire pour vous maintenir au pouvoir, et ce n'est pas de cette manière qu'on unit le pays», a-t-il une fois de plus reproché au chef conservateur Stephen Harper.