Le Parti libéral du Canada n'a pas été aussi uni depuis des décennies et, selon Michael Ignatieff, c'est en grande partie grâce à un homme: le premier ministre Stephen Harper.

En tentant d'abolir les subventions annuelles versées par l'État aux partis politiques, en novembre dernier, Stephen Harper a cherché à affaiblir davantage ses adversaires. Mais en lieu et place, il a déclenché une série d'événements qui a forcé les troupes libérales à s'unir pour assurer leur survie, a déclaré, hier, M. Ignatieff au premier jour du congrès libéral, qui a lieu jusqu'à samedi à Vancouver.Cette unité retrouvée a permis au Parti libéral de se donner un nouveau chef sans se déchirer, de rembourser sa dette électorale de deux millions de dollars en cinq mois, et de concentrer ses efforts pour convaincre les Canadiens qu'il est l'option de rechange la plus crédible aux conservateurs, notamment en ces temps de crise économique, selon M. Ignatieff.

La présence de Jean Chrétien, Paul Martin et John Turner à ce congrès démontre bien l'harmonie qui règne au sein des troupes, selon des stratèges libéraux.

«M. Harper a laissé tomber une boule de neige de la colline parlementaire en décembre, et cette boule s'est transformée en avalanche pour lui. Et, fin stratège comme il est, il s'est retrouvé avec un Parti libéral plus uni avec un nouveau chef prêt à partir en campagne. Qui l'aurait cru? Une partie du mérite revient à mon principal adversaire, M. Harper», a déclaré M. Ignatieff aux journalistes.

Reconnaissant le travail que M. Harper a fait pour unir le Parti libéral, M. Ignatieff a même tenu à souhaiter bon anniversaire au premier ministre, qui a célébré son 50e anniversaire de naissance hier.

«Je veux lui souhaiter très joyeux anniversaire. Il est un parlementaire redoutable et un leader redoutable de son parti. Même si nous ne sommes pas d'accord sur le plan politique et sur plusieurs principes, j'ai du respect pour le travail qu'il a accompli comme chef de son parti», a dit M. Ignatieff dès le début de sa conférence de presse hier.

À l'origine, le congrès libéral de Vancouver devait permettre aux militants libéraux d'élire un nouveau chef à la suite de la démission de Stéphane Dion, en décembre. Mais M. Ignatieff a finalement été désigné comme chef intérimaire après le désistement des députés Bob Rae et Dominic LeBlanc. Le congrès permettra donc aux militants d'exprimer leur confiance envers leur nouveau chef.

Au premier jour du congrès, M. Ignatieff s'est dit «amusé» de voir le Bloc québécois et le NPD soumettre des propositions dans l'espoir de trouver des compromis avec le gouvernement conservateur minoritaire de Stephen Harper afin d'éviter des élections générales.

Ces manoeuvres parlementaires du Bloc québécois et du NPD surviennent alors que les appuis au Parti libéral augmentent dans les sondages. En privé, des stratèges conservateurs ont confié à La Presse Canadienne cette semaine qu'ils sont prêts à conclure des ententes ponctuelles avec le Bloc ou le NPD pour assurer la survie du gouvernement au moins jusqu'à ce que les Jeux olympiques de Vancouver soient terminés, en février 2010. D'ici là, les conservateurs espèrent que la crise économique sera terminée, ce qui devrait leur donner un coup de pouce électoral.

Les libéraux, pour leur part, envisagent de plus en plus de forcer la tenue d'élections générales à l'automne.

«C'est légèrement amusant tout cela. Ces deux partis ont voté contre le dernier budget conservateur sans même le lire. Maintenant, ils sont prêts à soutenir les conservateurs. Je me demande bien pourquoi!», a lancé M. Ignatieff. Le Parti libéral a voté en faveur du dernier budget, ce qui a permis au gouvernement Harper de survivre au vote de confiance aux Communes.