(Québec) Le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, affirme que le « test climat » que propose Québec solidaire sur tous les projets d’infrastructure du gouvernement répète ce qui se fait déjà dans la province. « On peut toujours raffiner le filtre, mais je pense qu’on en fait déjà pas mal », dit-il.

La Presse révélait mercredi que le parti de Gabriel Nadeau-Dubois, qui tient son caucus présessionnel cette semaine au Parlement, déposera à la reprise des travaux parlementaires en septembre un projet de loi qui aura pour principe d’évaluer les projets d’infrastructure du gouvernement en fonction des gaz à effet de serre (GES) qu’ils émettent.

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Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, accompagné du député solidaire de la circonscription de Taschereau, Étienne Grandmont.

« Notre projet de loi, c’est une réplique directe aux déclarations de Pierre Fitzgibbon d’il y a quelques semaines. Il nous disait si vous voulez qu’on atteigne la carboneutralité, changez vos habitudes. [Montrer] du doigt les familles qui n’ont pas le choix dans leur quotidien d’utiliser la voiture, mais pendant ce temps, ne pas s’assurer comme gouvernement que l’argent que l’on investit dans nos infrastructures nous rapproche de nos cibles climatiques, c’est un double discours », a affirmé M. Nadeau-Dubois.

« On le fait déjà ! », a répondu mercredi le gouvernement Legault par la voix de Pierre Fitzgibbon. En cette journée de conseil des ministres à Québec, ce dernier en a profité pour réitérer que le parc automobile devra diminuer (il affirmait tout récemment que cette baisse pourrait être de 50 %) pour que la province atteigne ses cibles de réduction de GES.

« Ça va arriver. […] Vos enfants, ils n’auront pas deux voitures par famille. On peut dire ce qu’on veut, [mais] la réduction du parc [automobile], elle est inévitable », a-t-il dit.

Les jeunes veulent moins d’autos

Encore récemment, le ministre a été interpellé par l’histoire d’une compagnie en périphérie de Montréal qui connaissait des difficultés à recruter des travailleurs qualifiés de la métropole, notamment des ingénieurs. Ces derniers, a-t-il raconté en mêlée de presse, ne voulaient pas s’acheter un véhicule pour aller travailler.

« C’est un exemple pour moi qui m’avait frappé. […] Les jeunes ne veulent pas s’acheter de voiture pour aller travailler », a affirmé M. Fitzgibbon.

« Les jeunes sont encore plus conscients de ça. Le gouvernement, ce qu’il doit faire, ce n’est pas de légiférer pour les voitures. C’est de donner des incitatifs, d’investir dans le transport collectif pour que l’alternative à la voiture soit intéressante. Pour l’instant, ça ne l’est pas intéressant », a-t-il ajouté.

Comme l’a indiqué le premier ministre François Legault dans les dernières semaines, le gouvernement n’imposera pas des mesures pour s’attaquer à la taille du parc automobile. Quand il ne sera plus ministre, a ajouté M. Fitzgibbon, ce n’est pas Québec qui lui dictera combien de voitures acheter.

« [Est-ce que] c’est le rôle du gouvernement de légiférer combien de véhicules par famille ? La réponse, c’est non. Moi, quand je ne serai plus en politique, il n’y a pas un gouvernement qui va me dire quoi faire avec mes véhicules. J’en veux trois, je vais en avoir trois », a-t-il dit. Le ministre entend toutefois se limiter à une voiture.

Que fera-t-il de sa nouvelle moto, qu’il s’est procurée l’été dernier ? « Elle est super belle », a-t-il fièrement répondu.

De la redite, dit Charette

Par ailleurs, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a lui aussi affirmé que le projet de loi que veut déposer Québec solidaire est une forme de redite face à ce qui est déjà fait.

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Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette.

« A priori, le principe même du test climat est déjà intégré dans l’évaluation environnementale […]. C’est ce qui nous a permis de refuser un certain nombre de projets par le passé. On peut penser à GNL Québec qui a traversé la procédure environnementale [mais qui] ne se qualifiait pas. C’est un projet qui a tout simplement été abandonné », a-t-il dit.

Le ministre des Finances, Eric Girard, a pour sa part indiqué que le gouvernement allait intensifier les sommes investies dans l’adaptation aux changements climatiques dans son prochain budget.